Le géant chinois de l’e-commerce Alibaba poursuit sa restructuration stratégique avec une décision majeure : la cession de sa participation majoritaire dans Sun Art Retail Group au fonds d’investissement DCP Capital. Cette opération, qui pourrait rapporter jusqu’à 12,3 milliards de dollars hongkongais (1,6 milliard de dollars), marque un tournant dans la stratégie du groupe.
Cette cession représente plus de 70% du capital de Sun Art, une chaîne d’hypermarchés souvent comparée au géant américain Costco. Le timing de cette vente interroge, car elle intervient à peine trois ans après qu’Alibaba ait doublé sa participation dans l’entreprise, déboursant à l’époque 3,6 milliards de dollars. Une moins-value significative qui reflète les bouleversements du marché retail chinois.
Malgré une valorisation boursière de Sun Art qui a bondi de 80% sur les douze derniers mois, l’entreprise ne pèse aujourd’hui « que » 3 milliards de dollars. Cette progression n’a visiblement pas suffi à convaincre Alibaba de maintenir sa position dans le retail physique.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de recentrage sur le core business d’Alibaba. Le groupe fondé par Jack Ma multiplie les cessions d’actifs non stratégiques depuis plusieurs mois. Rappelons que l’entreprise a récemment annoncé une restructuration majeure, scindant ses activités en six unités distinctes.
« Cette cession reflète notre volonté de nous concentrer sur notre cœur de métier, le commerce en ligne », a déclaré un porte-parole d’Alibaba.
Le rachat par DCP Capital, un fonds de private equity basé à Pékin, témoigne de l’intérêt persistant des investisseurs pour le secteur de la grande distribution en Chine. Fondé par d’anciens dirigeants de KKR et Morgan Stanley, DCP Capital dispose d’une solide expérience dans le retail asiatique.
Sun Art, qui opère plus de 400 hypermarchés à travers la Chine sous les enseignes RT-Mart et Auchan, conserve une position forte sur le marché du retail physique chinois. L’entreprise a su développer une approche omnicanale, intégrant notamment ses magasins à la plateforme Tmall d’Alibaba.
Cette opération intervient dans un contexte de mutation profonde du retail chinois, où les géants du numérique réévaluent leur stratégie d’expansion dans le commerce physique. La pandémie de COVID-19 a accéléré la digitalisation des comportements d’achat, poussant les acteurs à repenser leur positionnement.
Pour Alibaba, cette cession permet de dégager des liquidités importantes qui pourront être réinvesties dans ses activités digitales prioritaires, notamment le commerce en ligne, le cloud computing et l’intelligence artificielle, secteurs où la concurrence avec des acteurs comme Tencent et JD.com reste acharnée.