Le géant du e-commerce Amazon vient d’engager des poursuites contre l’État de Washington pour limiter la divulgation de documents confidentiels concernant son ambitieux Project Kuiper. Cette action en justice, déposée cette semaine devant la Cour supérieure du comté de King à Seattle, fait suite à une demande du Washington Post qui souhaite accéder aux rapports d’inspection d’une installation Kuiper située dans la région de Seattle.
Une bataille juridique autour de la transparence
Le 26 novembre dernier, le Washington Post a sollicité l’accès aux « documents d’inspection, notes d’enquête, comptes-rendus d’entretiens et plaintes » concernant quatre investigations menées entre août et octobre 2024 dans les locaux de Redmond. Une demande qui met Amazon dans une position délicate, le groupe cherchant à protéger ses secrets industriels tout en respectant la législation sur la transparence.
« Amazon ne cherche pas à bloquer la divulgation de l’ensemble des documents demandés », précise la plainte. « Nous souhaitons uniquement protéger les informations qui relèvent du secret industriel et dont la divulgation causerait un préjudice irréparable à l’entreprise. »
Project Kuiper : l’alternative à Starlink
Cette affaire met en lumière les enjeux stratégiques autour de Project Kuiper, l’ambitieux projet d’Amazon visant à déployer une constellation de 3 232 satellites en orbite basse pour fournir un accès Internet haut débit global. Face à la concurrence féroce de SpaceX et son service Starlink, Amazon doit respecter des délais serrés : selon sa licence FCC, la moitié de sa flotte doit être opérationnelle d’ici mi-2026.
Une situation paradoxale
L’affaire prend une tournure particulière quand on sait que le Washington Post appartient depuis 2013 à Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Cette situation souligne l’indépendance éditoriale du journal vis-à-vis de son propriétaire, les journalistes n’hésitant pas à enquêter sur les activités d’Amazon.
Cette procédure n’est pas une première pour Amazon, qui avait déjà collaboré avec le Département du Travail et des Industries pour gérer une demande similaire du Seattle Times. Le groupe tech dispose d’un délai pour examiner les documents avant leur éventuelle transmission au Washington Post, lui permettant ainsi d’identifier les informations sensibles à protéger.
Les détails précis des enquêtes menées dans l’installation de Redmond restent pour l’instant confidentiels, mais s’inscrivent dans un contexte plus large de tensions entre Amazon et les autorités de Washington concernant les inspections de ses sites industriels.