Coup de théâtre dans le monde de la tech militaire ! Anduril Industries, la startup fondée par Palmer Luckey (le cerveau derrière l’Oculus), s’apprête à reprendre les rênes du programme IVAS (Integrated Visual Augmentation System) de l’armée américaine, délogeant ainsi le géant Microsoft. Ce contrat, qui pourrait atteindre les 20 milliards de dollars, concerne le développement et la production des lunettes de réalité augmentée destinées aux fantassins. Une décision qui marque un tournant majeur pour ce projet ambitieux, mais jusqu’ici semé d’embûches.
IVAS : un projet d’envergure aux débuts chaotiques
Lancé en 2018, le programme IVAS a pour objectif d’équiper les soldats américains de lunettes AR dernier cri. Vision nocturne, suivi de cibles, simulation de combat… ces lunettes futuristes devaient révolutionner l’expérience du soldat sur le terrain. Initialement basé sur la technologie HoloLens 2 de Microsoft, le projet a rapidement accumulé les retards et les critiques.
Nausées, maux de tête, difficultés de visée… les premiers retours des soldats sur le terrain ont été catastrophiques. Ces problèmes ergonomiques, combinés à des dérives budgétaires, ont poussé le Congrès américain à bloquer une partie des financements, certains élus évoquant même un potentiel « gouffre financier ». Le Pentagone, conscient des difficultés, a alors ouvert la porte à une remise en concurrence du contrat fin 2024.
Anduril : l’outsider qui a su saisir sa chance
C’est là qu’Anduril Industries entre en scène. Spécialisée dans les systèmes autonomes et l’intelligence artificielle, la jeune entreprise californienne a d’abord collaboré avec Microsoft pour intégrer sa plateforme logicielle « Lattice » à l’IVAS. Lattice promet une gestion optimisée des données provenant de multiples sources (drones, capteurs, réseaux tactiques), offrant ainsi une meilleure connaissance de la situation pour les soldats.
Ce partenariat initial a permis à Anduril de se familiariser avec les spécificités du projet IVAS et de mettre en avant son expertise. Lorsque l’appel d’offres a été lancé, Anduril a proposé une solution plus intégrée, combinant son logiciel « Lattice » à des technologies de fabrication avancées. Une proposition qui a visiblement séduit l’armée américaine, qui a annoncé le 11 février 2025 son intention de confier la suite du programme à Anduril.
Un pari risqué, mais prometteur ?
Ce choix audacieux de l’armée américaine représente un pari sur l’avenir. Anduril, bien que plus agile et innovante que Microsoft sur ce terrain, manque d’expérience dans la gestion de projets d’une telle ampleur. L’intégration de « Lattice » et la production des lunettes à grande échelle représentent des défis techniques considérables.
Palmer Luckey, fondateur d’Anduril, affiche une confiance sans faille : « Nous ne construisons pas seulement une lunette, mais une interface qui transformera la manière dont les soldats combattent ». L’armée américaine, de son côté, justifie ce choix par la nécessité d’une « approche révolutionnaire » face aux menaces futures. Un responsable de l’armée a d’ailleurs déclaré : « IVAS doit devenir une plateforme évolutive, capable de s’adapter aux innovations technologiques ».
Les enjeux clés du transfert :
Enjeux | Description |
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Sécurité des données | Anduril promet une meilleure intégration et centralisation des données grâce à sa plateforme « Lattice ». |
Performance opérationnelle | Amélioration de la précision, réduction des effets secondaires (nausées, fatigue), meilleure ergonomie. |
Coût du programme | Potentiel de réduction des coûts grâce à l’expertise d’Anduril en matière de fabrication et d’intégration. |
Compétitivité | L’IVAS modernisé doit permettre aux soldats américains de maintenir leur avantage technologique sur le terrain. |
Des obstacles restent à franchir
Malgré l’enthousiasme affiché par Anduril et l’armée américaine, le chemin est encore long. Le contrat doit encore être validé par le Congrès, où certains élus restent sceptiques face au coût exorbitant du programme. D’autres concurrents, comme Kopin et Palantir, pourraient également contester la décision. Enfin, la complexité technique du projet pourrait engendrer de nouveaux retards.
L’avenir du programme IVAS reste donc incertain. Si Anduril parvient à relever le défi, l’armée américaine disposera d’un atout technologique majeur. Dans le cas contraire, le projet IVAS pourrait définitivement rejoindre la longue liste des programmes militaires pharaoniques, engloutis par les difficultés techniques et les dépassements budgétaires.