L’univers de la robotique humanoïde bouillonne, et au Texas, une start-up attire tous les regards. Apptronik, née en 2016 dans les laboratoires de l’Université du Texas à Austin, n’est plus un petit poucet. Avec Apollo, son robot humanoïde taillé pour les environnements industriels les plus exigeants, la jeune pousse texane compte bien révolutionner le secteur. En décembre 2024, Apptronik a annoncé une levée de fonds Seed Round de 14,6 millions de dollars, menée par Capital Factory, Grit Ventures et Perot Jain. Ce financement propulse Apptronik sur le devant de la scène et lui permet de viser haut : logistique, industrie manufacturière, défense… L’objectif ? Déployer des robots généralistes capables de s’adapter à une multitude de tâches.
« Les problèmes de chaîne d’approvisionnement et de productivité s’intensifient. Les humanoïdes d’Apptronik proposent une solution modulaire et adaptable, capable de collaborer avec les travailleurs humains, pas de les remplacer »
– Jennifer Gill Roberts, Grit Ventures
Apollo : Un robot humanoïde prêt à entrer en scène
Apollo, fruit de sept années de recherche acharnée, mesure 1,72 m pour 72,5 kg et allie robustesse et agilité. Capable de décharger des conteneurs, manipuler des palettes et effectuer des tâches de maintenance en milieu hostile, Apollo se distingue par trois innovations majeures :
- Un génie mécanique hors pair : Ses actionneurs linéaires brevetés, combinés à un système de marche quasi-humain, lui ont valu un RBR50 Innovation Award en 2024. Apptronik a relevé le défi de reproduire la fluidité du mouvement humain, conférant à Apollo une dextérité et une adaptabilité exceptionnelles.
- Une modularité impressionnante : Le module supérieur d’Apollo peut être détaché de ses jambes et intégré à un châssis roulant, permettant ainsi d’adapter le robot à divers environnements et scénarios de travail.
- Des partenariats stratégiques : L’alliance avec Google DeepMind, officialisée en décembre 2024, marque un tournant. L’intégration d’une intelligence artificielle de pointe permet à Apollo de reconnaître les objets et de résoudre des problèmes en temps réel avec une efficacité redoutable.
« Les résultats de notre collaboration avec DeepMind sont déjà spectaculaires. Notre IA prédictive anticipe les obstacles avec une précision de 97 % »
– Jeff Cardenas, PDG d’Apptronik
2025 : L’année des premiers pas dans le monde réel
Pour 2025, Apptronik mise sur deux axes majeurs :
- Des essais pilotes grandeur nature : Après des tests internes prometteurs dans son usine d’Austin, Apollo sera déployé chez des partenaires clés tels que GXO Logistics et Mercedes-Benz. Prévu pour le deuxième trimestre 2025, ce programme permettra de tester l’intégration d’Apollo dans des environnements complexes et son interopérabilité avec des systèmes existants, comme les AGV de Kiva. GXO, géant de la logistique, évaluera les performances d’Apollo dans la gestion de ses entrepôts, tandis que Mercedes-Benz se concentrera sur la maintenance de ses lignes de production. Un troisième pilote, mené en interne, se focalisera sur le développement d’applications tierces, ouvrant ainsi la voie à un écosystème riche autour d’Apollo.
- Un lancement commercial imminent : La version bêta d’Apollo, optimisée pour les conditions réelles d’utilisation, devrait être disponible en fin d’année 2025. « C’est une étape cruciale. Nous devons prouver que le robot humanoïde généraliste est non seulement viable techniquement, mais aussi rentable économiquement », souligne Jeff Cardenas.
Pilote | Secteur | Objectif |
---|---|---|
GXO Logistics | Logistique | Gestion des stocks en entrepôt |
Mercedes-Benz | Automobile | Maintenance des lignes de production |
Site pilote interne | R&D | Développement d’applications tierces |
L’humain au cœur de l’équation robotique
Contrairement à Boston Dynamics (Spot) ou Tesla (Optimus), Apptronik privilégie la collaboration humain-robot plutôt que leur substitution. Cette approche permet de répondre à une demande croissante pour des solutions hybrides et de contourner certains obstacles réglementaires.
« Les usines ne vont pas se réorganiser pour les robots. Ce sont les robots qui doivent s’adapter aux infrastructures existantes »
– Parker Conroy, Directeur Produit chez Apptronik
Les défis de l’adoption
Malgré ses avancées technologiques, Apptronik se heurte à plusieurs défis :
- Coût d’acquisition élevé : Le prix d’un Apollo est estimé à environ 150 000 dollars, représentant un investissement conséquent face à la concurrence de spécialistes comme Kuka ou ABB. L’entreprise devra démontrer un retour sur investissement rapide pour convaincre les industriels.
- Limites technologiques : L’intelligence artificielle, bien qu’en constante évolution, n’est pas encore totalement autonome. La première génération d’humanoïdes d’Apptronik doit trouver un équilibre entre polyvalence et performance dans des domaines très spécifiques.
Pour pallier ces difficultés, Apptronik adopte un modèle en plateforme inspiré de l’écosystème iOS. Un SDK (Software Development Kit) dédié, prévu pour le troisième trimestre 2025, permettra aux développeurs tiers de créer des applications sur mesure, enrichissant ainsi les fonctionnalités d’Apollo.
L’écosystème texan, un atout majeur
Grâce à la dynamique de la « Silicon Hills » texane, Apptronik bénéficie d’une équipe de 150 employés, dont de nombreux anciens de Tesla, Meta et Honeywell, et du soutien d’investisseurs tels que Grit Ventures et Perot Jain. Un round A, potentiellement soutenu par des acteurs majeurs comme B Capital ou Coatue, est envisagé pour 2025, témoignant de la confiance des investisseurs dans le potentiel de la start-up.
Un marché en pleine expansion
Le marché des humanoïdes industriels est en effervescence. Face à des concurrents comme Agility Robotics (Digit), Figure AI et Tesla, Apptronik se démarque par son approche hybride, son ancrage universitaire et son ambition de créer une plateforme collaborative. Estimé à 2,5 milliards de dollars d’ici 2028 (Grand View Research), ce marché offre des opportunités considérables, et Apollo pourrait devenir le symbole de la quatrième révolution industrielle.
Pour Apptronik, l’enjeu est de taille. « Les robots ne sont pas des gadgets de science-fiction. Ce sont des outils concrets pour une économie en mutation. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer », conclut Jeff Cardenas. 2025 s’annonce décisive pour le Texan et son robot humanoïde.