Canada : Le vide laissé par l’info, terrain fertile pour les arnaques sur Facebook et Instagram
Déjà empêtrée dans la controverse du blocage des nouvelles au Canada, Meta se retrouve une fois de plus sous le feu des critiques. Alors que les élections fédérales de 2026 approchent à grands pas, Facebook et Instagram, plateformes phares du groupe, sont devenus le terrain de jeu d’arnaqueurs qui diffusent des publicités trompeuses se faisant passer pour des médias légitimes. Un comble, alors même que Meta justifiait son blocage initial par la lutte contre la désinformation.
Rappelons le contexte : en 2023, suite à l’adoption de la Loi C-18, dite Loi sur les nouvelles en ligne, Meta a décidé de bloquer l’accès aux actualités sur ses plateformes canadiennes. Cette loi, obligeant les géants du numérique à rémunérer les médias pour l’utilisation de leur contenu, a été perçue par Meta comme une atteinte à son modèle économique. Le résultat ? Un vide informationnel que des acteurs malveillants exploitent désormais sans vergogne.
Selon un récent rapport de Bloomberg, des centaines d’annonces frauduleuses, imitant à la perfection le format des articles de presse, circulent sur Facebook et Instagram. Ces publicités, souvent orientées politiquement, visent à tromper les utilisateurs en diffusant de fausses informations. Un phénomène d’autant plus inquiétant à l’approche des élections, où l’information joue un rôle crucial dans le choix des citoyens. Imaginez : des articles fallacieux sur un candidat, des sondages bidonnés, des promesses électorales inventées de toutes pièces… Le potentiel de manipulation est énorme.
“On assiste à un véritable Far West informationnel”, dénonce un expert en cybersécurité interrogé par Radio-Canada. “L’absence de médias traditionnels sur ces plateformes crée un boulevard pour les fake news et la désinformation.”
L’ironie de la situation est palpable. Meta, qui justifiait le blocage des nouvelles par la volonté de lutter contre la désinformation, se retrouve aujourd’hui confrontée à une prolifération de fake news sur ses propres plateformes. Le géant américain, pris entre le marteau de la loi C-18 et l’enclume des arnaques publicitaires, semble pour l’instant impuissant face à ce phénomène. Des experts pointent du doigt l’insuffisance des mesures de modération mises en place par Meta. D’autres s’interrogent sur la réelle volonté de l’entreprise de lutter contre ce fléau.
Alors que le paysage médiatique canadien est déjà fragilisé, la situation actuelle risque d’éroder encore davantage la confiance du public envers l’information en ligne. Comment distinguer le vrai du faux dans cette jungle numérique ? Comment s’assurer que les citoyens canadiens puissent accéder à une information fiable et objective à l’approche d’un scrutin aussi important ? Ces questions restent, pour l’instant, sans réponse. Le gouvernement canadien, de son côté, observe la situation de près et n’exclut pas de nouvelles mesures pour encadrer les plateformes numériques et lutter contre la désinformation en ligne. L’avenir de l’information au Canada est plus que jamais en jeu. L’enjeu est de taille, car c’est la démocratie elle-même qui est menacée.