En Arizona, des communautés entières vivent toujours sans électricité en 2024
Dans une Amérique ultra-connectée, Thomasina Nez fait partie des milliers d’Américains qui vivent encore sans accès à l’électricité, une situation particulièrement répandue dans les territoires amérindiens de l’Arizona.
À Cameron, petite ville située dans la réserve Navajo, le quotidien de Thomasina illustre les défis d’une vie sans les commodités modernes que la plupart d’entre nous considèrent comme acquises. Sa maison traditionnelle, un « hogan » rond en bois, se trouve dans l’une des plus vastes zones non électrifiées des États-Unis.
« Chaque jour est un combat pour accomplir les tâches les plus simples », confie-t-elle aux journalistes locaux.
Pour prendre une simple douche chaude, Thomasina doit d’abord faire bouillir plusieurs seaux d’eau sur un réchaud à propane installé à l’extérieur de son habitation. La conservation des aliments représente un autre défi majeur : sans réfrigérateur, elle est contrainte de se nourrir principalement de conserves, les fruits et légumes frais se gâtant rapidement sous le soleil implacable de l’Arizona.
La situation est d’autant plus dramatique que Thomasina a récemment perdu ses deux chiens, intoxiqués par les émanations de son chauffage au charbon. Depuis cette tragédie, elle refuse d’utiliser ce système de chauffage, s’exposant aux températures glaciales qui caractérisent les nuits du désert.
Cette réalité touche environ 15% des foyers de la Nation Navajo, soit près de 30 000 personnes selon les dernières estimations. Les raisons de cette situation sont multiples : l’isolement géographique, le coût prohibitif du raccordement au réseau (pouvant atteindre 40 000 dollars par foyer), et des décennies de sous-investissement dans les infrastructures des territoires amérindiens.
Des initiatives locales tentent d’apporter des solutions. L’organisation « Light Up Navajo », en collaboration avec des services publics d’électricité, a permis de raccorder plus de 300 foyers depuis 2019. Des projets d’énergie solaire se développent également, offrant une alternative prometteuse pour ces communautés isolées.
Cependant, les progrès restent lents. La pandémie de COVID-19 a mis en lumière ces inégalités, de nombreux enfants Navajo ayant été dans l’impossibilité de suivre les cours en ligne faute d’électricité. Les autorités tribales estiment qu’il faudrait plus d’un milliard de dollars pour électrifier l’ensemble de la réserve.
Pour l’heure, Thomasina, comme beaucoup d’autres, continue d’adapter sa vie quotidienne à ces conditions difficiles, symbole d’une fracture énergétique persistante au cœur de la première puissance mondiale.