Le département de l’Efficacité Gouvernementale, connu sous le sigle DOGE – une création inspirée par Elon Musk – s’affaire à développer un chatbot d’intelligence artificielle (IA) personnalisé pour l’administration générale des services (GSA) des États-Unis. L’ambition affichée est de moderniser la gestion quotidienne d’une administration qui emploie près de 12 000 personnes, dans le cadre d’une stratégie plus large prônée par l’ère Trump pour positionner l’Amérique à la pointe de l’IA.
Un Projet Ambitieux pour une Administration Sévèrement Contestée
D’après plusieurs sources proches du dossier, le projet, baptisé « GSAi », vise à booster la productivité des employés du gouvernement qui gèrent des contrats, des infrastructures informatiques et des bâtiments administratifs. À l’heure où la question des dépenses publiques et de la modernisation des processus administratifs est au cœur des débats, cette initiative se présente comme une réponse innovante aux défis bureaucratiques du gouvernement fédéral.
Le chatbot devrait jouer un rôle multiple. D’une part, il offrira aux agents fédéraux la possibilité de rédiger des correspondances et des comptes-rendus plus rapidement, et d’autre part, il sera utilisé pour analyser d’énormes volumes de données relatives aux contrats et à l’approvisionnement. Cette capacité d’analyse est particulièrement cruciale dans le contexte actuel où chaque dollar dépensé est scruté pour en améliorer l’efficacité.
« Comment peut-on maîtriser la manière dont l’État dépense son argent si l’on ne dispose pas d’outils pour analyser correctement les données ? »
La remarque de Thomas Shedd, relayée lors d’une réunion et enregistrée par WIRED, marque d’emblée une volonté de bâtir des systèmes internes rapides et performants. En effet, les discussions préliminaires avaient déjà évoqué l’adoption de solutions telles que Google Gemini, mais les exigences spécifiques en matière de sécurité des données et de volume des informations n’ont pas permis de conclure à un partenariat satisfaisant.
La Technologie au Service de la Réduction des Coûts et de l’Efficacité
Dans un contexte où le déficit annuel du gouvernement américain ne cesse de croître, l’urgence d’optimiser les process se fait sentir. Le projet GSAi, qui s’inscrit dans cette logique, fait partie d’une série d’initiatives lancées par le département DOGE pour réduire les coûts et accélérer les opérations administratives.
L’école de pensée adoptée par la direction sous Trump est radicalement différente de celle observée du temps de Biden, où les cadres étaient invités à adopter prudemment les nouvelles technologies. Aujourd’hui, il s’agit de lever les barrières administratives et sécuritaires pour permettre une adoption massive des outils IA. Cette approche a d’ailleurs conduit à l’annulation discrète, cette semaine, d’un déploiement antérieur d’un outil génératif qui ne répondait pas entièrement aux attentes du gouvernement.
Le choix de développer un système sur-mesure plutôt que de se rabattre sur une solution clé en main comme Google Gemini montre la détermination de l’équipe à garder un contrôle total sur les fonctionnalités, tout en contournant les limitations techniques souvent rencontrées par des outils commerciaux.
Des Technologies Diverses pour des Missions Plurielles
Outre le chatbot, l’équipe DOGE explore également l’utilisation des agents de codage IA destinés aux ingénieurs. Ces outils, conçus pour générer et éditer automatiquement du code, viennent compléter l’arsenal destiné à améliorer l’efficacité et à réduire les erreurs dans les logiciels développés en interne.
L’un des outils envisagés était Cursor, un assistant de programmation développé par la startup californienne Anysphere. Cependant, malgré un aval technique initial de la GSA, ce projet a été mis en attente pour des examens complémentaires en cybersécurité. Parallèlement, DOGE s’est tourné vers GitHub Copilot, reconnu mondialement pour augmenter la productivité des équipes de développement.
Cette initiative illustre la volonté de l’administration fédérale de dépasser les obstacles réglementaires pour adopter des solutions innovantes et performantes. Sous l’impulsion des directives de Trump pour une « domination globale de l’IA par les États-Unis », la modernisation se conjugue désormais avec une recherche d’efficacité inévitable.
Une Concurrence Technologique et une Politique Partagée
Le choix de privilégier le développement interne plutôt que l’adoption de solutions existantes, comme Google Gemini, en témoigne. Ce choix, issu d’échanges tendus entre la GSA et un géant de la tech, met en lumière les exigences de sécurité et de performance.
Pour illustrer cet enjeu stratégique, voici un tableau comparatif des options :
Un Contexte Politique et Social Contrasté
L’initiative DOGE prend également une dimension politique. Alors que certains partisans de la politique Trump saluent ces réformes visant à moderniser une bureaucratie jugée obsolète, de nombreux syndicats, employés fédéraux et partis de l’opposition dénoncent des dérives potentielles dans la remise en cause des traditions administratives.
L’office de gestion du personnel, composé de fidèles d’Elon Musk, a même conseillé à certains employés de quitter leur poste s’ils n’acceptaient pas de revenir travailler cinq jours par semaine dans un esprit de « loyauté et d’excellence ». Cette approche radicale a provoqué une onde de choc dans les couloirs de la GSA, marquant le début d’un bouleversement administratif rapide et ambitieux.
Intégrer l’Image et Immortaliser l’Innovation
Le Parcours Semé d’Embûches de l’Adoption des IA dans le Secteur Public
L’entrée de l’IA dans la sphère publique n’est pas nouvelle. En octobre 2023, l’ancien président Biden avait déjà ordonné à la GSA de prioriser les examens de sécurité pour divers outils IA, incluant les chatbots et assistants de codage. Toutefois, malgré cette impulsion, peu de projets avaient franchi les premières étapes d’homologation, en raison de lourdeurs administratives et de préoccupations en cybersécurité.
Différents départements, tels que le Commerce, la Sécurité intérieure ou les Affaires des anciens combattants, ont également manifesté leur intérêt pour des outils basés sur l’IA, comme GitHub Copilot ou Google Gemini, bien que ces initiatives restent fragmentées.
Une Collaboration au-Delà des Frontières Partielles
L’envergure du projet GSAi et des agents de codage IA montre comment l’adoption des technologies dans la sphère publique transcende les clivages politiques. Les liens entre investisseurs de startups prometteuses et hauts responsables politiques renforcent l’idée d’une convergence inattendue d’intérêts.
Par exemple, la startup Anysphere, à l’origine de l’outil Cursor, bénéficie du soutien d’investisseurs tels que Thrive Capital et Andreessen Horowitz. Bien que ces collaborations posent des questions d’image et de conflits d’intérêts, elles illustrent la complexité des relations entre développement technologique et politique.
En Perspective : Un Virage Radical pour le Secteur Public
Le projet de développement d’un chatbot IA sur mesure par DOGE s’inscrit dans une volonté de repenser l’administration publique américaine. Contrairement aux approches hésitantes du passé, l’équipe dirigée par Elon Musk et ses alliés refuse la procrastination. Les choix technologiques, les accords réévalués avec des partenaires comme Google, et la transition vers des outils reconnus tels que GitHub Copilot témoignent d’une transformation audacieuse et rapide.
Si cette modernisation offre une bouffée d’air frais aux administrations souvent critiquées pour leur inertie bureaucratique, elle soulève également des questions sur la sécurité, la protection des données et la durabilité des changements instaurés. Dans un environnement où l’innovation technologique est à double tranchant, l’équilibre entre efficacité administrative et gestion des risques est crucial.
Un Futur Incertain mais Prometteur
Ainsi, le projet GSAi pourrait devenir un modèle inspirant pour d’autres agences gouvernementales, aux États-Unis comme à l’international. La capacité d’un outil IA à traiter et analyser des données massives en temps réel présente une opportunité unique de repenser la gestion budgétaire et opérationnelle d’un État.
Les perspectives d’amélioration de la productivité, de réduction des erreurs et d’optimisation de l’allocation des ressources renforcent l’argument en faveur d’une adoption rapide et généralisée de l’intelligence artificielle, même dans les structures les plus traditionnelles.
En résumé, le projet GSAi marque une modernisation sans précédent au sein de l’administration fédérale américaine. Grâce au développement d’un chatbot IA sur mesure et à l’adoption d’outils de codage novateurs, la direction DOGE entend réduire les coûts, automatiser l’analyse des données et repenser le fonctionnement gouvernemental dans une ère de transformation numérique accélérée.
