Dubaï, carrefour bouillonnant des affaires et de l’innovation, a vibré au rythme du World Government Summit (WGS) du 11 au 13 février. Plus de 6 000 participants, parmi lesquels une constellation de chefs d’État, dirigeants d’organisations internationales et délégations gouvernementales, ont convergé vers l’émirat pour débattre de l’avenir des États à l’ère du numérique. Le tout sous la bannière « Shaping Future Governments » – un intitulé ambitieux qui annonçait la couleur. Intelligence artificielle, gouvernance numérique et innovation technologique : le triptyque du futur était au cœur des discussions.
Joe Tsai (Alibaba) : entre survie et innovation, un discours qui décoiffe (ou presque)
Sur la scène du WGS, Joseph Tsai, le charismatique président d’Alibaba, a captivé l’audience. Son intervention, intitulée « The Culture of Survival and Innovation », a mis le doigt sur un point névralgique : comment les entreprises et les gouvernements peuvent-ils naviguer dans un océan d’hypercompétition technologique, tout en affrontant les tempêtes géopolitiques et climatiques ?
Pour Tsai, la clé réside dans les partenariats public-privé. Il a mis en avant les succès d’Alibaba, notamment Alipay, son système de paiement tentaculaire, et ses plateformes d’e-gouvernement qui transforment en profondeur l’administration publique. L’idée ? Transformer les gouvernements en structures agiles, capables d’absorber des innovations comme l’IA et la blockchain pour optimiser les services publics. Imaginez des démarches administratives simplifiées, des décisions plus rapides, une transparence accrue… la promesse est alléchante.
Apple et Alibaba : un mariage chinois sous le soleil de Dubaï ?
Selon une information relayée par Bloomberg, Tsai aurait annoncé qu’Apple utiliserait la technologie d’IA d’Alibaba sur les iPhones vendus en Chine, une nouvelle qui a fait grand bruit mais qui reste non confirmée par les canaux officiels. Ni Apple ni Alibaba n’ont réagi à cette rumeur.
Si cette alliance se concrétise, elle ouvrirait un nouveau chapitre dans la saga des relations sino-américaines dans le secteur technologique. On peut imaginer des iPhones chinois boostés à l’IA d’Alibaba, avec des fonctionnalités exclusives et une intégration poussée avec les services de l’écosystème Alibaba. Un coup de maître pour les deux géants, mais aussi un signal fort envoyé aux concurrents.
Le WGS, un laboratoire d’idées pour la gouvernance de demain
Au-delà de cette annonce fracassante (ou présumée), le WGS a abordé une multitude de sujets cruciaux. Voici un petit panorama :
- Gouvernance et redevabilité : Comment utiliser l’IA pour une gestion budgétaire transparente ? Comment impliquer les citoyens via des plateformes numériques ?
- Financement de l’avenir : Les cryptomonnaies nationales (CBDC) sont-elles l’avenir ? Comment financer les infrastructures technologiques de demain ?
- Risque climatique : Quelles sont les stratégies pour développer des villes intelligentes et durables ?
- L’humain au centre : Comment adapter les systèmes éducatifs à l’ère de l’IA ? Comment former les citoyens aux compétences numériques ?
- Santé globale : Comment exploiter la donnée pour prévenir les pandémies ? Quel est l’avenir des infrastructures de santé connectées ?
La tech et l’État : un tango complexe
D’autres poids lourds de la tech, comme Sundar Pichai (Google), Larry Ellison (Oracle) et Robin Li (Baidu), ont également pris la parole. Larry Ellison, par exemple, a vanté les mérites du cloud pour optimiser les processus gouvernementaux, un discours qui a certainement fait écho chez les décideurs politiques présents.
L’enjeu est clair : les États doivent s’adapter à la vitesse grand V de la révolution technologique. Le WGS a mis en lumière la complexité de ce tango entre la tech et l’État. Comment trouver l’équilibre entre innovation et régulation ? Comment garantir la sécurité des données et la protection de la vie privée ? Comment éviter de créer des fractures numériques ? Autant de questions posées avec acuité à Dubaï.
Les Émirats arabes unis, champions de la « gouvernance 4.0 » ?
Le choix de Dubaï pour accueillir le WGS n’est pas anodin. Les Émirats arabes unis affichent des ambitions démesurées en matière d’innovation gouvernementale. Drones de livraison pour les urgences, vote par blockchain… l’émirat expérimente des solutions futuristes dans le but de devenir un hub mondial de la « gouvernance 4.0 ». Un pari audacieux qui reste à confirmer dans les années à venir.
Quant à l’hypothétique partenariat Apple-Alibaba, il faudra attendre une confirmation officielle pour en savoir plus. Une chose est sûre : les alliances entre les géants de la tech et les États sont désormais incontournables. L’avenir de la gouvernance se joue également dans ces unions surprenantes, et le WGS 2025 à Dubaï en a été la parfaite illustration.