Epic Games passe à l’offensive en ce début 2025 en déployant son store mobile à l’international sur Android et, fait notable, sur iOS en Europe. Une vingtaine de jeux tiers débarquent d’emblée sur la plateforme, accompagnés d’un programme de jeux gratuits qui débute avec Bloons TD 6 et Dungeon of the Endless: Apogee.
La vraie nouveauté ? Epic s’engage à prendre en charge pendant un an les fameux frais CTF (Core Technology Fee) imposés par Apple aux développeurs utilisant des stores alternatifs sur iOS. Pour rappel, ces frais s’élèvent à 50 centimes d’euro par installation au-delà du million de téléchargements annuels.
« Notre objectif n’est pas simplement de multiplier les stores, mais de créer une boutique unique cross-plateforme où vos achats vous suivent partout », explique Tim Sweeney, PDG d’Epic Games.
Un bras de fer qui s’intensifie
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec seulement 29 millions d’installations fin 2024 (contre 100 millions espérées), l’Epic Games Store mobile peine à décoller. La faute aux « écrans d’avertissement » qui, selon Epic, dissuadent plus de 50% des utilisateurs d’installer l’application.
La situation est particulièrement tendue en dehors de l’UE, où Epic ne peut même pas proposer Fortnite sur iOS. Un comble pour cette entreprise américaine qui ne peut distribuer son jeu phare aux États-Unis à cause des restrictions d’Apple.
Une stratégie européenne audacieuse
Epic profite du Digital Markets Act (DMA) européen pour s’implanter sur iOS, tout en dénonçant les pratiques d’Apple. L’entreprise considère que le CTF est « ruineux pour toute tentative de store concurrent » et espère que la Commission européenne interviendra.
Pour les développeurs, le programme s’annonce alléchant : outre la prise en charge du CTF, Epic promet des jeux gratuits mensuels, avant de passer à un rythme hebdomadaire. Plusieurs studios, restés anonymes par crainte de représailles d’Apple, ont déjà pointé du doigt le CTF comme frein majeur à l’adoption des stores alternatifs.
Tim Sweeney reste combatif et prévoit que cette bataille pourrait s’étendre sur plusieurs années. Même avec l’arrivée possible de Donald Trump à la présidence américaine, il reste optimiste quant à une régulation plus stricte des géants de la tech.
L’enjeu est de taille : créer un véritable écosystème alternatif aux stores officiels, où les achats seraient universels quelle que soit la plateforme. Une vision ambitieuse qui se heurte encore aux restrictions d’Apple et Google, particulièrement en dehors de l’Union européenne.