Facebook et la politique : un tango complexe en vue de 2026
Katie Harbath, ancienne directrice des politiques publiques mondiales de Facebook, lève le voile sur la stratégie politique de Meta. Son analyse, publiée sur la newsletter Anchor Change, décrit comment Mark Zuckerberg et son équipe utilisent les cycles électoraux comme des baromètres sociétaux, ajustant leur approche du contenu en fonction des tendances politiques. Loin d’être une révélation fracassante, cette pratique s’inscrit dans une danse complexe entre le monde de la tech et la sphère politique, une danse dont les pas évoluent au rythme des élections.
Un pas en avant, deux pas en arrière : l’engagement politique fluctuant de la Silicon Valley
L’engagement politique des géants de la tech n’a jamais été linéaire. Harbath rappelle les années 2012 et 2016, marquées par un soutien actif aux comités de convention des deux grands partis américains. Souvenons-nous de ces événements accueillant des employés de la Silicon Valley, symbole d’une volonté d’influence assumée. Pourtant, dès 2017, le vent tourne. Facebook refuse de contribuer financièrement au comité inaugural de Donald Trump, préférant des contributions « en nature », comme la mise en place d’un mini Bureau ovale digne d’Instagram lors d’un bal. Une manière de rester présent sans s’afficher trop ouvertement.
L’ère Trump, Cambridge Analytica et la modération de contenu : une valse hésitante
L’arrivée de Trump à la Maison Blanche, combinée au scandale Cambridge Analytica, a profondément rebattu les cartes. L’utilisation abusive des données Facebook lors de la campagne présidentielle de 2016 a mis en lumière les risques liés à l’ingérence politique et à la désinformation. En 2020, l’accent est mis sur la modération de contenu, notamment concernant la désinformation sur la COVID-19, dans une tentative d’apaisement des tensions avec l’administration Biden. Une période de relative prudence pour les entreprises technologiques, soucieuses de redorer leur blason.
2025 et l’après-Trump : un nouveau tempo ?
Aujourd’hui, le paysage politique américain est en pleine mutation. La montée en puissance du GOP et les ambitions politiques persistantes de Donald Trump, voire l’émergence de nouveaux acteurs, obligent les géants de la tech à adapter leur stratégie. Si certains, comme Elon Musk avec ses prises de position publiques, jouent la carte de l’audace, la plupart préfèrent la discrétion, offrant leurs services aux candidats et travaillant sur l’intégrité électorale en coulisses. D’autres, comme Substack, embrassent pleinement le jeu politique, qualifiant même les élections de 2024 de « Substack Election », témoignant de l’influence croissante des plateformes sur le débat public.
L’avenir de Facebook en politique : entre influence et prudence
Katie Harbath prédit une navigation complexe pour les dirigeants technologiques à Washington dans les années à venir. L’influence d’Elon Musk et son approche disruptive pourraient inspirer d’autres acteurs, tandis que la pression réglementaire et l’attention médiatique les incitent à la prudence. Selon elle, Meta pourrait réintroduire davantage de contenu politique et d’actualités, sous couvert de répondre à la demande des utilisateurs. On peut même imaginer un scénario où Mark Zuckerberg et un candidat de premier plan, voire Donald Trump lui-même, se retrouveraient pour un événement Facebook ou Instagram Live. Une perspective qui illustre l’imbrication croissante entre le monde de la tech et l’arène politique. L’année 2026 et les prochaines élections américaines promettent d’être un terrain d’observation privilégié pour analyser l’évolution de cette danse complexe.
L’enjeu dépasse la simple adaptation aux tendances politiques. Il s’agit pour les géants de la tech de trouver un équilibre entre influence et responsabilité, entre liberté d’expression et lutte contre la désinformation. Un défi de taille, dont l’issue pourrait bien redéfinir le rôle de ces plateformes dans nos démocraties. L’influence des algorithmes sur les opinions, la propagation des fake news, et la modération des contenus restent des questions cruciales, au cœur des débats sur l’avenir de l’espace public numérique. L’année 2025 et les années à venir s’annoncent décisives pour l’avenir de la relation entre la tech et la politique.