Google au pilori : 18 ex-chefs d’État européens réclament son démantèlement
Dix-huit anciens dirigeants européens, dont Stefan Löfven (Suède) et Dominique de Villepin (France), ont lancé une offensive sans précédent contre Google. Dans une lettre ouverte adressée à la Commission européenne, datée du 18 janvier 2025, ils exigent le démantèlement du tentaculaire empire publicitaire du géant américain, accusé d’asphyxier le paysage médiatique européen.
Cette charge intervient à un moment critique, alors que la Commission européenne est en train de finaliser une enquête approfondie sur les pratiques de Google dans la publicité en ligne. Déjà en 2023, Bruxelles avait formellement accusé la firme de Mountain View, laissant planer la menace d’un démantèlement forcé de son activité publicitaire. Les ex-dirigeants s’appuient sur ces accusations et estiment que le monopole de Google représente une menace pour l’indépendance même de l’Union européenne, entravant l’application des lois et la souveraineté numérique du continent.
« Nous assistons à une concentration excessive du pouvoir entre les mains d’une seule entreprise, » pourrait-on lire entre les lignes de cette lettre ouverte. L’argument principal ? La domination écrasante de Google sur chaque segment de la chaîne publicitaire, de la vente d’espaces à la gestion des données, en passant par les outils d’analyse et les plateformes d’enchères. Cette emprise, selon les signataires, étouffe la concurrence et fragilise les médias européens, déjà confrontés à de multiples défis.
L’appel des 18 anciens chefs d’État met une pression considérable sur la Commission. Teresa Ribera, commissaire européenne à la Concurrence, a récemment confirmé que le démantèlement de l’activité publicitaire de Google restait une option sérieusement envisagée. Un tel scénario, inédit par son ampleur, pourrait profondément remodeler le marché publicitaire mondial. Imaginez : les différents services de Google, tels que Ad Manager, AdSense ou encore Ad Exchange, pourraient être transformés en entités indépendantes, forcées de concurrencer d’autres acteurs du marché.
Du côté de Google, on sent poindre la nervosité. L’entreprise a d’ailleurs récemment annoncé l’interdiction des publicités politiques sur ses plateformes en Europe dès 2025, anticipant ainsi de nouvelles réglementations européennes. Une manœuvre perçue par certains comme une tentative d’apaiser les tensions et d’éviter le pire. Mais cette concession suffira-t-elle à calmer la colère de Bruxelles et des 18 anciens dirigeants ? L’avenir du paysage médiatique européen, et plus largement la capacité de l’UE à réguler les géants du numérique, se joue dans les prochaines semaines. L’enjeu dépasse largement le simple cadre de la publicité : c’est un bras de fer pour la souveraineté numérique qui se joue sous nos yeux. Les prochains mois s’annoncent décisifs. On évoque même la possibilité d’amendes records, qui pourraient se chiffrer en milliards d’euros, si la Commission juge les pratiques de Google anticoncurrentielles. D’autres acteurs du secteur, comme les éditeurs de presse et les agences de publicité, suivent de près l’évolution de la situation, conscients que la décision de Bruxelles aura des répercussions majeures sur leur activité. La bataille s’annonce rude et les conséquences pourraient être considérables.