Les mastodontes chinois du numérique s’engagent à modifier leurs systèmes de recommandation suite à une campagne musclée du gendarme chinois d’internet. Une initiative qui vise à corriger les dérives algorithmiques observées sur les principales plateformes du pays.
Douyin, le TikTok chinois de ByteDance, sort l’artillerie lourde en annonçant la création d’un centre de sécurité dédié pour 2024. L’objectif ? Rendre son système de recommandation plus transparent et diversifier les contenus proposés aux utilisateurs. Le réseau social promet également de renforcer sa lutte contre la désinformation et le harcèlement en ligne, des problématiques qui gangrènent la plateforme depuis des années.
Du côté de Pinduoduo, l’application de e-commerce discount qui cartonne en Chine (et propriétaire de Temu), on s’attaque à un sujet brûlant : la discrimination tarifaire basée sur les données personnelles. Une pratique controversée où les prix varient selon le profil de l’utilisateur. Comme l’a rapporté le média Yicai, la plateforme s’engage à « construire un écosystème plus sain ».
Xiaohongshu, qu’on surnomme « l’Instagram chinois », joue la carte de la transparence en invitant ses utilisateurs à comprendre les rouages de ses algorithmes. La plateforme met l’accent sur la possibilité de désactiver les recommandations personnalisées, une option souvent méconnue des utilisateurs.
Cette vague d’annonces fait suite à une campagne gouvernementale de trois mois lancée fin novembre. Les autorités chinoises ciblent particulièrement deux phénomènes :
- Les « bulles de filtres », ces cocons numériques qui enferment les utilisateurs dans leurs propres opinions
- La tarification discriminatoire basée sur les données personnelles
Les enjeux sont colossaux pour ces plateformes qui touchent des centaines de millions d’utilisateurs chinois quotidiennement. En 2023, Douyin comptait plus de 700 millions d’utilisateurs actifs, Pinduoduo dépassait les 750 millions, et Xiaohongshu atteignait les 260 millions.
Cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large de régulation du secteur tech en Chine. Depuis 2021, Pékin a multiplié les actions pour encadrer les géants du numérique : limitation du temps de jeu pour les mineurs, protection des données personnelles, ou encore lutte contre les monopoles.
Les plateformes auront jusqu’à fin février 2024 pour se mettre en conformité. Le régulateur chinois a prévenu qu’il mènerait des inspections approfondies et que des sanctions seraient appliquées en cas de non-respect des nouvelles directives.
Pour l’expert en tech chinoise Matthew Brennan :
« Cette campagne marque un tournant dans la régulation des algorithmes en Chine. C’est la première fois que le gouvernement s’attaque aussi frontalement à la question de la transparence algorithmique. »