Trois mois après son lancement, le service de livraison ultra-rapide Bolt de Swiggy fait déjà polémique à Bengaluru. Cette initiative, qui promet des livraisons en seulement 10 minutes, soulève de sérieuses questions sur la sécurité routière et les conditions de travail des livreurs.
Lancé en octobre 2024, Bolt marque un tournant dans la guerre que se livrent les plateformes de livraison indiennes. En réussissant là où son concurrent Zomato avait échoué deux ans plus tôt, Swiggy a déclenché une véritable course à l’échalote dans le secteur. Blinkit et Zepto ont rapidement emboîté le pas avec des services similaires, tandis qu’Amazon India s’est engagé sur des délais de 15 minutes. Même Myntra, spécialiste de la mode, a cédé à la pression en promettant des livraisons en 30 minutes.
La réalité sur le terrain est pourtant alarmante. En une seule semaine de novembre, la police de Bengaluru a enregistré plus de 17 000 infractions commises par des livreurs, allant de la conduite à contre-sens au non-port du casque, en passant par le non-respect des feux rouges. Les amendes infligées s’élèvent à près de 80 lakhs de roupies (environ 88 000 euros).
« Nos agents constatent une augmentation inquiétante des comportements dangereux chez les livreurs. La pression pour respecter des délais toujours plus courts les pousse à prendre des risques inconsidérés », déclare un porte-parole de la police de Bengaluru.
Le modèle économique de ces plateformes repose sur un système de bonus et de pénalités qui incite les livreurs à enchaîner les courses. Pour atteindre les objectifs, certains n’hésitent pas à rouler sur les trottoirs ou à zigzaguer dangereusement entre les véhicules.
La situation est d’autant plus préoccupante que le secteur emploie des centaines de milliers de personnes en Inde. Ces « gig workers » sont les grands oubliés de cette course à la rapidité. Sans protection sociale adéquate et soumis à une pression constante, ils risquent leur vie pour quelques roupies de plus.
À noter que l’introduction en bourse de Swiggy à la mi-novembre 2024 a été un succès, malgré ces controverses. L’entreprise a levé plus de 8 milliards de roupies (environ 88 millions d’euros), témoignant de l’appétit des investisseurs pour le secteur de la livraison rapide en Inde.
Les autorités locales envisagent désormais de mettre en place une réglementation plus stricte pour encadrer ces pratiques, notamment en imposant des temps de pause obligatoires et en limitant le nombre de livraisons consécutives.