Fini le monopole occidental sur la recherche en intelligence artificielle ! D’après une analyse approfondie de Rest of World, les dix dernières années ont vu émerger une nouvelle dynamique : les pays non-occidentaux prennent désormais une place prépondérante dans l’innovation en IA.
Cette évolution majeure, documentée par l’Observatoire des Technologies Émergentes de l’Université de Georgetown, s’appuie sur une base de données colossale de plus de 260 millions de publications scientifiques. Les chiffres sont éloquents : la Chine, l’Inde, le Japon, Singapour et la Corée du Sud trustent désormais le top 5 des nations non-occidentales les plus productives en matière de recherche collaborative en IA.
« L’IA est un domaine hautement collaboratif. On trouve des chercheurs et des ingénieurs talentueux aux quatre coins de la planète », souligne Zachary Arnold, analyste à l’Observatoire des Technologies Émergentes.
Le phénomène le plus marquant reste la collaboration sino-américaine, qui domine largement le paysage de la recherche en IA. Mais de nouveaux axes émergent : la Chine développe des partenariats croissants avec Singapour et l’Arabie Saoudite, tandis que la Malaisie privilégie des collaborations avec l’Inde et l’Indonésie.
La vision par ordinateur s’impose comme le domaine phare de ces collaborations internationales. Les équipes mixtes planchent notamment sur la reconnaissance faciale et les véhicules autonomes, des technologies qui nécessitent une approche multiculturelle pour être véritablement universelles.
Un exemple concret ? Le projet novateur entre l’Académie chinoise des Technologies de l’Information et des Communications, l’Université de Malaya et Zetrix, une entreprise malaisienne spécialisée dans la blockchain. Leur objectif : développer des solutions IA-blockchain pour faciliter les échanges commerciaux sino-malaisiens.
Pour Saaidal Razzali Azzuhri, chercheur principal du projet à l’Université de Malaya, le soutien gouvernemental est crucial : « Cette diversification des acteurs de la recherche en IA est vitale. Elle permet d’anticiper et de résoudre des problématiques transfrontalières que nous ne pouvons même pas encore imaginer. »
Les données pour 2023-2024 montrent déjà une accélération de cette tendance, avec une augmentation significative des publications collaboratives dans tous les pays du top 10. L’installation récente de centres de données par Microsoft et Amazon en Malaisie laisse présager de nouvelles opportunités de collaboration avec les géants américains de la tech.
Cette démocratisation de la recherche en IA répond à un enjeu crucial : assurer que les systèmes d’IA fonctionnent efficacement dans différents contextes culturels et sociétaux. Car comme le rappelle Arnold, les outils d’IA les plus prometteurs peuvent rapidement montrer leurs limites lorsqu’ils sont déployés hors de leur contexte de développement initial.