Des données ultra-sensibles sous surveillance
Le PNR (Passenger Name Record) n’est pas qu’un simple numéro de réservation. C’est une mine d’or d’informations personnelles comprenant :
- Adresse et numéro de téléphone
- Coordonnées bancaires
- Historique des modifications de billets
- Bagages enregistrés
- Accompagnateurs
- Programme de fidélité
« Que font les entreprises avec ces données ? Si des sociétés commerciales analysent des données incorrectes, elles peuvent en tirer toutes sortes de conclusions », s’inquiète Frank van der Linde.
L’IA au service du profilage des voyageurs
Quatre entreprises européennes dominent ce marché en pleine expansion : Idemia, SITA, Travizory et WCC. Leurs algorithmes promettent de détecter :
- Les terroristes potentiels
- Les trafiquants d’êtres humains
- Les dealers de drogue
- Les migrants sans papiers
Un système opaque aux conséquences réelles
Le système de Travizory, par exemple, attribue un code couleur aux voyageurs (vert, jaune, orange, rouge) en analysant entre 100 et 150 variables. Selon Morten Jorgensen, data scientist chez Travizory :
« Ce sont des boîtes noires. Elles vous diront qu’une personne est potentiellement risquée, mais comment elles prennent cette décision reste un mystère. »
Des risques pour les droits humains
Anna Bacciarelli, chercheuse chez Human Rights Watch, alerte sur les dangers :
- Absence de transparence sur la précision des systèmes
- Pas de recours possible en cas d’erreur
- Risque de discrimination algorithmique
- Menace pour le droit d’asile
En 2025, cette surveillance s’étend désormais à tous les modes de transport : trains, bus, ferries. SITA développe un « système de frontières multimodal » tandis que WCC plaide pour des « centres de ciblage nationaux » centralisant toutes les données de déplacement.
Le cas de Frank van der Linde illustre parfaitement les dérives possibles de ces systèmes. Malgré son retrait de la liste de surveillance en 2019 et les excuses du maire d’Amsterdam, il ignore toujours s’il fait l’objet d’une surveillance active.