L’Asie du Sud-Est face à une gueule de bois financière : les startups accusent le coup en 2024
On s’y attendait, mais la claque est rude. L’année 2024 a été difficile pour les startups d’Asie du Sud-Est. Le robinet à dollars s’est sérieusement resserré, avec une chute vertigineuse de 42% des investissements, totalisant seulement 4,56 milliards de dollars selon le rapport de DealStreetAsia. C’est un coup dur pour l’écosystème, qui avait atteint des sommets en 2021 avec 12,1 milliards de dollars levés. Autant dire qu’on est loin du compte, à peine un cinquième du pic de 2021 ! Le nombre d’opérations a également diminué de 10% pour s’établir à 633. Le contexte macro-économique international, marqué par des taux d’intérêts élevés et des craintes de récession, n’a évidemment pas aidé.
La Fintech, îlot de résistance dans la tempête
Dans ce paysage désertique, un secteur tire son épingle du jeu : la Fintech. Avec 1,68 milliard de dollars levés, elle représente 36,8% du total des fonds, en nette progression par rapport aux 20,3% de 2023. La DeFi (finance décentralisée) et la blockchain ont le vent en poupe, attirant les investisseurs en quête de nouvelles opportunités. On observe d’ailleurs un intérêt croissant pour les solutions de paiement innovantes, les plateformes de prêts alternatives et les néo-banques, qui répondent aux besoins d’une population de plus en plus connectée.
Philippines : le petit poucet qui monte, qui monte…
Surprise du chef ! Les Philippines affichent une santé insolente. Avec une augmentation de 38% du volume des transactions (44 au total) et un bond de 84% de leur valeur (428 millions de dollars), l’archipel s’impose comme un acteur dynamique. Cette performance témoigne de la confiance grandissante des investisseurs dans un écosystème startup philippin en pleine effervescence, notamment grâce à des initiatives gouvernementales en faveur de l’innovation et l’entrepreneuriat.
Indonésie : le géant aux pieds d’argile
À l’inverse, l’Indonésie, plus gros marché de la région, est en pleine déconfiture. Le volume des transactions a chuté de 34% et leur valeur s’est effondrée de 66%, atteignant péniblement 438 millions de dollars. Des problèmes structurels, comme le rétrécissement de la classe moyenne et des coûts opérationnels élevés, plombent l’écosystème local. La concurrence accrue d’autres marchés asiatiques et le manque d’infrastructures dans certaines régions du pays expliquent également ce ralentissement brutal.
Singapour : entre résilience et incertitude
Singapour, plaque tournante historique du capital-risque en Asie du Sud-Est, résiste tant bien que mal. Malgré une baisse de 7,4% du volume des transactions, la cité-État conserve son attractivité. La valeur des transactions a cependant diminué de 44%, principalement en raison de la pression sur les valorisations et du ralentissement des opérations en phase avancée. Les investisseurs semblent plus prudents et privilégient les startups ayant déjà démontré leur rentabilité. L’avenir du hub singapourien dépendra de sa capacité à s’adapter aux nouvelles réalités du marché et à attirer de nouveaux capitaux.
On notera enfin l’émergence progressive des technologies vertes, un secteur qui devrait attirer de plus en plus d’investissements dans les années à venir, notamment dans les domaines de l’énergie renouvelable et de la mobilité durable. 2025 s’annonce comme une année charnière pour les startups d’Asie du Sud-Est. Seront-elles capables de rebondir après ce coup de froid ? L’avenir nous le dira.