L’autorité britannique de la concurrence met son nez dans le rachat d’HashiCorp par IBM
L’histoire se répète encore une fois dans la tech. Après Microsoft/Activision et Amazon/iRobot, c’est au tour d’IBM de voir son mega deal scruté à la loupe. La Competition and Markets Authority (CMA) britannique vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur le rachat d’HashiCorp par le géant bleu, une opération à 6,4 milliards de dollars.
La CMA n’y va pas par quatre chemins et invite déjà les parties intéressées à donner leur avis d’ici le 16 janvier 2024. Le régulateur s’est fixé une première deadline au 25 février pour décider si le deal peut passer ou s’il mérite une enquête plus approfondie.
Pour ceux qui auraient raté l’épisode précédent, IBM a dévoilé en avril dernier son intention de mettre la main sur HashiCorp, une pépite de la Silicon Valley spécialisée dans le cloud. La boîte, fondée en 2012 par Mitchell Hashimoto et Armon Dadgar, s’est fait un nom dans le secteur avec ses outils de gestion d’infrastructure cloud et de sécurité.
« Cette acquisition représente une étape majeure dans notre stratégie cloud et IA », avait déclaré Arvind Krishna, PDG d’IBM, lors de l’annonce du rachat.
Le timing est plutôt cocasse puisque la CMA avait déjà prévenu HashiCorp en août qu’elle allait mettre son grain de sel dans l’affaire. Et comme si ça ne suffisait pas, la Federal Trade Commission (FTC) américaine a aussi décidé de s’y intéresser.
Pour IBM, l’enjeu est de taille. Avec ses 4 400 clients, HashiCorp représente une belle opportunité pour muscler son jeu dans le cloud, un secteur où Big Blue tente de rattraper son retard face aux AWS, Microsoft Azure et Google Cloud de ce monde. La boîte propose notamment Terraform, un outil devenu quasiment incontournable pour gérer les infrastructures cloud.
Les services d’HashiCorp sont particulièrement prisés par les équipes DevOps qui cherchent à automatiser le déploiement et la gestion de leurs applications cloud. La société propose aussi Vault pour la gestion des secrets, Consul pour le service mesh, et Nomad pour l’orchestration de conteneurs.
Cette enquête intervient dans un contexte où les régulateurs, particulièrement en Europe et au Royaume-Uni, scrutent de plus en plus près les acquisitions tech. La CMA s’est notamment illustrée en bloquant temporairement le rachat d’Activision par Microsoft avant de finalement donner son feu vert.
L’autorité britannique craint visiblement que ce rachat ne réduise la concurrence sur le marché des outils cloud, même si HashiCorp a toujours mis en avant sa philosophie open-source et sa compatibilité multi-cloud. Une position qui, jusqu’ici, lui a permis de collaborer avec tous les grands acteurs du secteur.
Pour l’instant, IBM reste confiant et espère boucler l’acquisition au premier semestre 2024. Mais avec deux régulateurs sur le coup, le géant américain pourrait bien devoir patienter un peu plus longtemps que prévu.