Souvenez-vous, fin 2023, le monde de la tech retenait son souffle. Sam Altman, figure emblématique et PDG d’OpenAI, l’entreprise derrière le phénomène ChatGPT, était brutalement évincé par son propre conseil d’administration. Un véritable coup de théâtre qui a secoué l’industrie de l’IA et révélé des fractures profondes au sein de l’entreprise. Deux ans plus tard, les révélations continuent d’alimenter les conversations, notamment grâce à de nouvelles informations issues d’un livre récent (dont les sources précises restent difficiles à vérifier). Retour sur cet épisode rocambolesque.
La Chute (Presque) Finale d’un Visionnaire
Le 17 novembre 2023, la nouvelle tombe comme un couperet : Sam Altman n’est plus le PDG d’OpenAI. Le conseil d’administration invoque un « manque de franchise dans ses communications ». Difficile de ne pas y voir une formulation polie pour masquer des dissensions plus profondes. Un « processus mal géré », reconnaîtra plus tard Emmett Shear, PDG intérimaire d’OpenAI pendant une courte période.
Derrière ce licenciement surprise se dessine la silhouette de Mira Murati, alors CTO d’OpenAI. Selon certaines sources, elle aurait joué un rôle clé en présentant au conseil des preuves de comportements toxiques et de mensonges répétés de la part d’Altman. Des accusations graves, rapportées notamment par le Wall Street Journal, qui restent néanmoins difficiles à corroborer de manière indépendante.
L’éviction d’Altman provoque une onde de choc. Sur X (ex-Twitter), le PDG déchu exprime ses regrets et son attachement à la mission d’OpenAI. Pendant ce temps, Microsoft, partenaire stratégique, tend la main à Altman et à Greg Brockman, autre cofondateur d’OpenAI, en leur offrant de diriger une nouvelle équipe de recherche en IA. Un départ qui aurait pu sonner le glas d’OpenAI, mais c’était sans compter sur la mobilisation sans précédent de ses employés.
La Révolte des 800 : Un Soulèvement Inédit dans la Silicon Valley
La réaction des employés d’OpenAI est fulgurante. Près de 800 d’entre eux, soit la quasi-totalité, signent une lettre ouverte exigeant le retour de Sam Altman et la démission du conseil d’administration, accusé d »incompétence ». Un mouvement de protestation d’une ampleur rare dans l’histoire de la Silicon Valley, soutenu par Ilya Sutskever, membre du conseil et pourtant connu pour ses divergences avec Altman. Sutskever exprimera d’ailleurs publiquement ses regrets, assurant n’avoir jamais voulu nuire à l’entreprise.
Cette mobilisation massive, qualifiée de « facteur décisif » par de nombreux observateurs, force le conseil à négocier. En quelques jours, un accord est trouvé : Altman reprend son poste et le conseil d’administration est remanié avec l’arrivée de nouvelles figures comme Bret Taylor, Larry Summers et Adam D’Angelo. Une victoire pour les employés et un retournement de situation digne d’un scénario hollywoodien.
Les Raisons du Conflit : Divergences Stratégiques et Chocs des Cultures
Au-delà du psychodrame, le clash Altman-OpenAI révèle des tensions profondes au sein de l’entreprise. D’un côté, Altman, partisan d’une approche commerciale ambitieuse, souhaite accélérer le développement et la monétisation de l’IA. De l’autre, une partie du conseil, dont Ilya Sutskever, prône la prudence et la recherche fondamentale, inquiète des risques potentiels liés à une IA trop puissante.
Ce clivage, déjà perceptible en 2019 selon certaines sources, reflète une opposition philosophique entre deux « tribus » au sein d’OpenAI : les tenants d’une IA au service du bien commun et les partisans d’une IA comme moteur d’innovation et de croissance économique.
A ces divergences stratégiques s’ajoutent des accusations de comportement toxique de la part d’Altman. Mensonges répétés, gestion opaque, manque de transparence sur certains projets… Des allégations relayées par le Washington Post qui ont sans doute pesé dans la balance lors de son éviction.
Un projet en particulier cristallise les tensions : « Q* », une initiative visant à développer les capacités mathématiques et logiques de l’IA. Altman aurait minimisé les risques liés à ce projet, suscitant l’inquiétude d’une partie du conseil d’administration.
Le Rôle Ambigu de Mira Murati
Difficile de cerner précisément le rôle de Mira Murati dans cette affaire. Si elle a semble-t-il présenté au conseil des éléments à charge contre Altman, elle a également signé la lettre des employés réclamant son retour, témoignant d’une position complexe et peut-être ambivalente. Son remplacement rapide par Emmett Shear au poste de PDG intérimaire illustre en tout cas l’instabilité qui régnait alors au sein d’OpenAI.
L’Après-Crise : Un Nouveau Cap pour OpenAI ?
Le retour d’Altman marque le début d’une nouvelle ère pour OpenAI. Le conseil d’administration remanié, avec l’arrivée de figures expérimentées, semble vouloir instaurer un équilibre entre innovation et responsabilité. Le rapprochement avec Microsoft, accéléré par l’épisode du licenciement, renforce par ailleurs la position d’OpenAI sur l’échiquier mondial de l’IA.
L’affaire Altman reste un cas d’école sur les défis de la gouvernance dans un secteur en pleine effervescence. Elle souligne la difficulté de concilier la vision des entrepreneurs-stars avec les impératifs éthiques et la nécessité d’une transparence accrue dans le développement de technologies aussi puissantes que l’intelligence artificielle. L’histoire d’OpenAI continue de s’écrire, et l’on peut se demander si cette crise a véritablement permis d’apaiser les tensions internes et de définir une direction claire pour l’avenir.