En 2005, un ordinateur nommé Hydra faisait trembler le monde des échecs depuis Abu Dhabi. Aujourd’hui, son créateur, le Sheikh Tahnoun bin Zayed al Nahyan, s’impose comme l’un des acteurs majeurs de l’intelligence artificielle mondiale. Portrait d’un prince geek devenu le nouveau partenaire stratégique de la Silicon Valley.
De l’obsession technologique au pouvoir absolu
Difficile d’imaginer qu’il y a 20 ans, ce passionné de jiujitsu et de technologie passait ses nuits à jouer aux échecs avec Hydra, son super-ordinateur. Aujourd’hui, Sheikh Tahnoun contrôle un empire financier de 1500 milliards de dollars et dirige G42, un conglomérat tech qui fait jaser jusqu’à Washington.
« Le Sheikh est un véritable mordu d’informatique. Il comprend profondément les enjeux de l’IA », confie un ancien ingénieur de G42.
Sa société G42 multiplie les partenariats prestigieux : Microsoft y a investi 1,5 milliard de dollars en 2024, tandis que des discussions sont en cours avec OpenAI pour un projet pharaonique de 7000 milliards de dollars visant à concurrencer Nvidia.
L’influence grandissante d’Abu Dhabi dans la tech
Le virage est spectaculaire : après des années de collaboration étroite avec la Chine, les Émirats arabes unis se tournent désormais résolument vers les États-Unis. En 2024, G42 a annoncé retirer tous ses équipements Huawei pour privilégier les technologies américaines.
Un pari risqué pour Washington ?
Cette alliance soulève des questions. Certains responsables américains s’inquiètent de potentielles fuites technologiques vers la Chine, tandis que d’autres pointent le bilan controversé des Émirats en matière de surveillance numérique.
Le groupe MGX, autre entité contrôlée par Sheikh Tahnoun, prévoit d’investir plus de 100 milliards de dollars dans des centres de données aux États-Unis en partenariat avec BlackRock et Microsoft.
Des ambitions démesurées
En interne, Sheikh Tahnoun, surnommé « Tiger », fixe des objectifs ambitieux : chaque projet doit soit générer 100 millions de dollars annuels, soit le rendre célèbre. Sa passion pour l’IA dépasse le simple aspect business – il y voit un moyen de positionner Abu Dhabi comme une puissance technologique mondiale.
Cette transformation spectaculaire, d’un amateur d’échecs high-tech à un acteur incontournable de l’IA mondiale, illustre parfaitement la métamorphose des pays du Golfe, passant du pétrole à la tech. Reste à voir si cette alliance entre la Silicon Valley et Abu Dhabi tiendra ses promesses.