L’intelligence artificielle continue sa percée dans le monde juridique avec Eve, une startup qui vient de boucler une levée de fonds impressionnante de 47 millions de dollars en série A. Cette opération, menée par le prestigieux fonds Andreessen Horowitz (a16z), avec la participation de Lightspeed Venture Partners et Menlo Ventures, confirme l’engouement des investisseurs pour les solutions IA dans le secteur juridique.
Fondée en 2020 par David Zeng, Jay Madheswaran et Matt Noe, Eve a connu une croissance explosive ces huit derniers mois, avec des revenus multipliés par 5 et une base clients qui a bondi de 800%. La plateforme, qui compte désormais plus de 100 clients, s’est spécialisée dans un domaine particulièrement complexe : le droit des préjudices corporels.
« Vous pouvez simplement demander ‘Quels sont les points faibles de mon dossier ?’ et l’IA vous liste immédiatement tous les problèmes que la partie adverse pourrait soulever », explique Jennifer Gore, fondatrice d’Atlanta Personal Injury Law Group.
L’IA comme assistant juridique surpuissant
Ce qui distingue Eve de ses concurrents, c’est sa capacité à gérer la complexité des dossiers de préjudices corporels. Comme l’explique Jay Madheswaran :
« Un avocat gère en moyenne dix affaires par mois. Comment se souvenir des détails de dix personnes différentes, multiplié par peut-être dix témoins par personne ? Ce qui prenait 40 heures de travail peut maintenant être fait en 15 minutes. »
Un marché en pleine effervescence
Le timing de cette levée de fonds n’est pas anodin. Selon PitchBook, les investissements en capital-risque dans le secteur juridique ont atteint 2,7 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 170% sur un an. David Haber, partner chez a16z, reconnaît que le marché de l’IA juridique est « très bruyant », mais souligne que la différenciation d’Eve réside dans son approche end-to-end.
Mike Morse, fondateur de l’un des plus grands cabinets d’avocats du Michigan, utilise Eve depuis plusieurs mois et témoigne :
« Tous mes collaborateurs disent qu’Eve est l’avenir, c’est le meilleur outil qu’ils aient vu. »
La startup montre des signes encourageants d’adoption virale, avec un taux d’utilisation quotidienne qui rappelle plus les applications grand public que les logiciels professionnels traditionnels. Jay Madheswaran, ancien ingénieur de Facebook, a même dû négocier avec OpenAI pour obtenir plus de capacité face à la demande croissante.