Mumbai, 14 janvier 2025 – Donald Trump de retour à la Maison Blanche, et l’Inde retient son souffle.
Plus particulièrement, le secteur des services informatiques, qui réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires avec les États-Unis, observe avec un mélange d’espoir et d’appréhension les premières décisions du président réélu. La dérégulation promise par Trump, synonyme de baisse d’impôts pour les entreprises américaines et d’allègement des contraintes réglementaires, pourrait en effet doper les investissements technologiques et, par ricochet, les contrats pour les géants indiens de l’IT.
Un pari sur la croissance américaine
L’enjeu est de taille pour l’Inde, dont le secteur informatique dépend fortement du marché américain, non seulement pour ses revenus mais aussi pour le recrutement de talents. La promesse d’une réduction de l’impôt sur les sociétés, chère à Donald Trump, est perçue comme un levier potentiel pour stimuler les dépenses des entreprises américaines et, par conséquent, la croissance du secteur informatique indien. Rishad Premji, président exécutif de Wipro, l’un des poids lourds indiens de l’IT, n’a pas caché son optimisme quant aux retombées positives du retour de Trump pour les entreprises du secteur.
« Le second mandat de Trump pourrait avoir un effet positif sur le secteur informatique indien », a déclaré Rishad Premji.
L’épineuse question des visas H-1B
Malgré cet optimisme affiché, le spectre des politiques migratoires de Trump plane toujours sur le secteur. Le durcissement des règles d’octroi des visas H-1B, cruciaux pour les ingénieurs indiens souhaitant travailler aux États-Unis, reste une source d’inquiétude. Cependant, l’industrie informatique indienne a tiré les leçons du premier mandat de Trump. Elle s’est adaptée en renforçant les embauches locales aux États-Unis et en augmentant ses investissements sur le territoire américain, minimisant ainsi l’impact potentiel de nouvelles restrictions sur les visas.
Le pari des « Global Capability Centers »
Un autre facteur clé dans cette équation complexe est la croissance continue des « Global Capability Centers » (GCC) américains en Inde. Ces centres, véritables plaques tournantes pour la recherche et le développement, témoignent de l’attractivité de l’Inde pour les entreprises américaines en quête de talents qualifiés et de solutions offshore compétitives. Aditya Narayan Mishra, PDG de CIEL HR, prédit une multiplication de ces GCC en Inde, attirés par le vivier de talents et les avantages en termes de coûts.
L’Inde mise sur la relance économique américaine
L’hypothèse d’une relance économique américaine sous l’impulsion des politiques de Trump est au cœur de l’optimisme indien. La baisse des impôts sur les sociétés, si elle se confirme, bénéficierait non seulement aux entreprises américaines, mais aussi à leurs partenaires indiens, leur permettant de mieux servir leurs clients et d’accroître leur activité. JPMorgan, dans une analyse récente, a d’ailleurs souligné l’impact potentiel positif du second mandat de Trump sur le secteur informatique indien, grâce à des baisses d’impôts plus importantes et plus durables, susceptibles de stimuler les dépenses des entreprises américaines en technologies.
Cependant, il convient de nuancer cet optimisme. L’incertitude persiste quant à l’ampleur réelle de la dérégulation et à ses conséquences sur l’économie américaine. La politique protectionniste de Trump pourrait également se traduire par des mesures défavorables aux entreprises étrangères, y compris indiennes. Le secteur informatique indien, conscient de ces risques, observe donc avec prudence l’évolution de la situation, prêt à adapter sa stratégie si nécessaire. L’avenir dira si le pari sur Trump s’avère gagnant pour la tech indienne.