Imaginez un peu : le fils du secrétaire au Commerce américain, une banque d’investissement new-yorkaise, un géant japonais du tech, une stablecoin controversée et une plateforme d’échange pas toujours très nette… Tous réunis autour d’une table, avec 3 milliards de dollars en Bitcoin à la clé. Non, ce n’est pas le début d’une blague, mais une information révélée par le Financial Times qui a de quoi faire trembler le monde de la crypto.
Brandon Lutnick, héritier de Cantor Fitzgerald et fils d’Howard Lutnick, ancien secrétaire au Commerce sous Trump, serait en train de monter un fonds d’acquisition monumental dédié au Bitcoin. L’objectif ? Accumuler massivement la cryptomonnaie reine, à la manière d’un MicroStrategy (rebaptisé Strategy). Et pour ce faire, il s’est entouré de partenaires de choix : SoftBank, Tether et Bitfinex. Un casting pour le moins hétéroclite, qui soulève autant de questions qu’il suscite d’attentes.
Un montage financier ambitieux (et risqué ?)
Le véhicule d’investissement prendrait la forme d’une SPAC (Special Purpose Acquisition Company), une structure financière en vogue, combinant capital-investissement et dette spéculative. Concrètement, SoftBank, Tether et Bitfinex injecteraient 3 milliards de dollars en Bitcoin dans le fonds. À cela s’ajouterait une levée de fonds classique : 350 millions de dollars via des obligations et 200 millions en actions. Cantor Fitzgerald, forte de son expertise en marchés financiers et en cryptomonnaies, orchestrerait l’ensemble de l’opération.
L’idée est simple : miser sur la croissance du Bitcoin à long terme. Mais le prix de référence utilisé pour l’opération, estimé à 85 000 dollars selon des sources internes à 21 Capital (partenaire de Cantor), laisse songeur. C’est plus du double du cours actuel (autour de 45 000 dollars, si l’on se fie à la date dont nous disposons). Une telle projection témoigne d’une confiance démesurée dans le potentiel du Bitcoin, ou d’une certaine déconnexion avec la réalité du marché, connu pour sa volatilité.
L’ombre de Trump plane sur l’opération
Difficile de ne pas voir dans cette initiative l’influence d’Howard Lutnick, figure influente de l’administration Trump et fervent partisan des cryptomonnaies. Souvenez-vous, il avait plaidé pour l’intégration du Bitcoin aux réserves stratégiques américaines, une idée reprise par Trump lui-même avec ses projets de « Strategic Bitcoin Reserve » et de « U.S. Digital Asset Stockpile ». L’histoire familiale se mêle ici aux enjeux géopolitiques, créant un contexte pour le moins trouble. D’autant plus que la famille Lutnick a déjà investi massivement dans MicroStrategy, devenant l’un de ses principaux actionnaires.
Des partenaires controversés et des conflits d’intérêts potentiels
L’implication de Tether et Bitfinex, deux acteurs régulièrement pointés du doigt pour leur manque de transparence, ajoute une dose de piment à l’affaire. Tether, l’émetteur de la stablecoin USDT, a souvent été accusé de ne pas détenir suffisamment de réserves pour garantir la valeur de sa monnaie. Quant à Bitfinex, la plateforme d’échange a été impliquée dans plusieurs scandales, notamment des accusations de manipulation de marché. Leur présence au sein de ce fonds soulève des questions éthiques et pourrait attirer l’attention des régulateurs.
Par ailleurs, les liens étroits entre la famille Lutnick et l’administration Trump font craindre des conflits d’intérêts. Certains observateurs dénoncent un potentiel « trading d’initiés », suggérant que des responsables politiques pourraient profiter de leur position pour s’enrichir sur le marché des cryptomonnaies. Le projet de « réserve stratégique Bitcoin » a d’ailleurs été qualifié de « cadeau à l’industrie » par certains experts, tandis que d’autres y voient un « scandale d’opacité ».
Un pari audacieux aux conséquences imprévisibles
Si le fonds voit le jour, il pourrait bouleverser le paysage crypto. Imaginez l’impact d’un tel mastodonte sur le cours du Bitcoin ! Pour SoftBank, c’est une opportunité de diversifier ses investissements. Pour Tether, c’est un moyen de gagner en crédibilité (même si cela ne résout pas fondamentalement le problème de la transparence). Mais les risques sont considérables. La volatilité du Bitcoin, les incertitudes réglementaires et la dépendance à la politique américaine (que se passera-t-il si un nouveau président est élu ?) pourraient faire capoter l’opération.
Au-delà des aspects financiers, ce projet a des implications géopolitiques majeures. Les États-Unis cherchent clairement à affirmer leur dominance dans la course aux cryptomonnaies, face à la Chine et à l’Europe. Le Bitcoin, considéré comme un « actif de réserve numérique », pourrait devenir un instrument de puissance sur la scène internationale, concurrençant le dollar.
Reste à voir si ce pari audacieux se transformera en triomphe ou en fiasco. Une chose est sûre : l’alliance Cantor-SoftBank-Tether sera scrutée de près par tous les acteurs du marché, et ses conséquences pourraient se faire sentir bien au-delà de la sphère crypto.
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