La startup californienne Moonvalley vient d’annoncer une nouvelle levée de fonds qui confirme l’intérêt massif des investisseurs pour la génération vidéo par intelligence artificielle. Selon un document déposé jeudi auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission), l’entreprise a sécurisé un total de 53 millions de dollars, soit 10 millions de plus que ce qu’elle avait initialement déclaré le mois dernier.
Une levée plus importante qu’annoncée
Cette nouvelle injection de capital provient d’un groupe de 14 investisseurs, bien que leurs noms n’aient pas été divulgués dans le document officiel. Il ne s’agit pas d’une nouvelle levée à proprement parler, mais plutôt d’un complément de 10 millions de dollars qui s’ajoute aux 43 millions annoncés en avril.
D’après les estimations de PitchBook, cette opération porte le financement total de Moonvalley à environ 124 millions de dollars, un montant considérable pour une entreprise fondée il y a moins de deux ans. Pour rappel, la startup avait déjà réalisé une impressionnante levée de fonds de 70 millions de dollars en novembre dernier.
Contactée par plusieurs médias, l’entreprise basée à Los Angeles a refusé de commenter cette information.
Le marché saturé de la génération vidéo par IA
Le secteur de la génération vidéo par intelligence artificielle connaît actuellement une véritable explosion, au point qu’on peut légitimement parler de saturation du marché. De nombreuses startups se positionnent sur ce créneau porteur :
- Runway : Pionnier du secteur qui a récemment lancé une API pour ses modèles de génération vidéo
- Lightricks : Connu pour ses outils d’édition photo, désormais positionné sur la vidéo IA
- Genmo : Startup spécialisée dans les contenus vidéo générés par IA
- Pika : A levé 55 millions de dollars fin 2023 pour développer ses outils de génération et d’édition vidéo
- Higgsfield : Lancé par l’ancien directeur de l’IA chez Snap pour concurrencer Sora d’OpenAI
- Kling : Newcomer sur le marché des vidéos génératives
- Luma : A récemment dévoilé Ray2, son modèle de génération vidéo avec une physique améliorée
Marey : l’atout différenciant de Moonvalley
Dans ce paysage ultra-concurrentiel, Moonvalley mise sur son modèle Marey, développé en collaboration avec Asteria, un nouveau studio d’animation IA. Ce modèle offre plusieurs caractéristiques notables :
- Génération de clips « HD » jusqu’à 30 secondes
- Options de personnalisation avancées (contrôles précis des mouvements de caméra)
- Capacité à générer des vidéos à partir de textes, croquis, photos ou autres clips vidéo
- Interface intuitive avec outils de storyboarding et d’ajustement granulaire
Une approche éthique de l’IA générative
Ce qui semble véritablement séduire les investisseurs, c’est l’approche de Moonvalley concernant l’éthique et les droits d’auteur, un sujet brûlant dans le domaine de l’IA générative. Contrairement à de nombreux concurrents qui entraînent leurs modèles sur des données publiques potentiellement protégées par des droits d’auteur (en s’appuyant sur la doctrine du « fair use »), Moonvalley affirme travailler avec des partenaires pour gérer les accords de licence et acheter des datasets vidéo légalement constitués.
« Nous avons fondé Moonvalley pour créer une technologie vidéo générative qui fonctionne pour les cinéastes et les professionnels de la création. Cela signifie qu’il faut s’attaquer à la peur et à la méfiance, ainsi que résoudre les problèmes techniques qui empêchent l’IA générative d’être un outil réaliste pour la production professionnelle. »
Cette approche rappelle celle adoptée par Adobe, qui s’approvisionne en contenu pour l’entraînement de ses modèles auprès de créateurs via sa plateforme propriétaire Adobe Stock, ou encore celle de Bria.
Des garde-fous pour rassurer l’industrie créative
- Permettre aux créateurs de demander le retrait de leur contenu des modèles
- Offrir aux clients la possibilité de supprimer leurs données à tout moment
- Proposer une politique d’indemnisation pour protéger ses utilisateurs contre les contestations liées aux droits d’auteur
- Bloquer certains contenus problématiques (phrases NSFW)
- Empêcher la génération de vidéos mettant en scène des personnes spécifiques ou des célébrités sans autorisation
Une équipe fondatrice solide
- Naeem Talukdar : Ancien responsable de la croissance produit chez Zapier
- Mateusz Malinowski et Mik Binkowski : Anciens scientifiques de DeepMind
- John Thomas : COO, qui avait déjà fondé la startup Draft avec Talukdar
- Bryn Mooser : Directeur d’Asteria, également co-fondateur
Le futur de la création vidéo ?
Bien que Moonvalley n’ait pas encore présenté publiquement l’intégralité de son interface, les co-fondateurs ont révélé lors d’interviews récentes que leur logiciel intégrerait des outils de storyboarding et d’ajustement « granulaire » des clips. À l’heure où les outils d’IA générative vidéo se multiplient, la stratégie de Moonvalley consistant à mettre l’accent sur une approche éthique et respectueuse des droits d’auteur pourrait bien constituer un avantage concurrentiel décisif, particulièrement auprès des créateurs professionnels.