Musk dans l’administration ? L’OPM sous influence ?
L’Office of Personnel Management (OPM), l’agence américaine chargée de la gestion des ressources humaines du gouvernement fédéral, se retrouve au cœur d’une polémique suite à l’arrivée de plusieurs anciens collaborateurs d’Elon Musk à des postes clés. Une situation inédite qui soulève des interrogations quant à l’avenir de la fonction publique américaine et à l’influence grandissante du secteur technologique sur la sphère politique.
Parmi ces nouvelles recrues, on compte notamment Amanda Scales, anciennement chez xAI, la société d’intelligence artificielle fondée par Musk, et Riccardo Biasini, passé par Tesla et The Boring Company. Ces nominations, révélées par plusieurs sources concordantes, interviennent dans un contexte de transformation profonde de l’OPM, marqué par le spectre du « Schedule F ». Cet ordre exécutif, remis sur la table par l’administration actuelle, permettrait de reclasser de nombreux postes de fonctionnaires en postes de confiance politique, ouvrant ainsi la voie à des nominations plus partisanes.
L’arrivée de ces profils issus de la sphère Musk inquiète. Certains craignent une politisation de l’OPM, traditionnellement garante de la neutralité de la fonction publique. L’ombre d’Elon Musk plane sur ces nominations, alimentant les spéculations sur une potentielle influence du milliardaire sur les politiques de ressources humaines du gouvernement fédéral. On s’interroge sur les motivations derrière ces nominations stratégiques. S’agit-il simplement de recruter des talents issus du secteur privé, ou d’une tentative plus large de remodeler l’administration à l’image des entreprises de la Silicon Valley ?
L’autre grande source d’inquiétude concerne l’intelligence artificielle. L’expertise de certains nouveaux arrivants dans ce domaine laisse craindre un recours accru à l’IA pour gérer les ressources humaines, notamment pour identifier les fonctionnaires susceptibles d’être reclassés sous le « Schedule F ». Un scénario digne d’un film de science-fiction pour certains, qui imaginent déjà une administration fédérale purgée de ses fonctionnaires de carrière, remplacés par des fidèles du pouvoir.
Plusieurs mesures récentes prises par l’OPM renforcent ces craintes. Le retour au bureau obligatoire et des emails encourageant les employés à dénoncer leurs collègues impliqués dans des initiatives de diversité ont été perçus comme des signes d’une surveillance accrue et d’un climat de suspicion au sein de l’administration.
Des experts en administration publique, comme les professeurs Don Moynihan et Steven Kelman, tirent la sonnette d’alarme, évoquant des précédents historiques d’abus de pouvoir et de surveillance des employés. Ils mettent en garde contre les conséquences potentiellement désastreuses de ces dérives pour l’avenir de la fonction publique.
La situation est d’autant plus tendue qu’une action en justice a été intentée par des fonctionnaires fédéraux anonymes à Washington. Ils accusent l’OPM d’avoir violé l’E-Government Act de 2002 en ne réalisant pas et en ne publiant pas les évaluations d’impact sur la vie privée requises avant la mise en place d’un nouveau système de messagerie électronique. Les plaignants s’inquiètent notamment de l’implication de tiers et des risques potentiels pour la confidentialité de leurs données.
L’avenir de l’OPM et, plus largement, de la fonction publique américaine, est désormais suspendu aux décisions qui seront prises dans les prochaines semaines. L’influence grandissante des technologies et des figures controversées comme Elon Musk soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs et l’indépendance de l’administration.