L’autorité britannique de régulation des communications, Ofcom, vient de clore une partie de son enquête sur OnlyFans, laissant planer un doute persistant sur la transparence des pratiques de la plateforme. Après dix mois d’investigation, deux des trois volets de l’enquête, lancée en mai 2024, ont été abandonnés. Si OnlyFans semble pour l’instant avoir satisfait aux exigences techniques de vérification d’âge, des questions subsistent quant à la communication des informations clés aux régulateurs.
Un contexte réglementaire de plus en plus serré
Depuis novembre 2020, le Royaume-Uni a musclé son arsenal juridique pour encadrer les plateformes de partage de vidéos (VSP), imposant des mesures strictes pour protéger les mineurs des contenus inappropriés, notamment pornographiques. OnlyFans, domiciliée au Royaume-Uni, est donc soumise à l’article 368Z1(2) du Communications Act 2003, qui exige des plateformes une vérification robuste de l’âge des utilisateurs.
Cette obligation s’inscrit dans un mouvement global de protection des mineurs en ligne. En France, par exemple, la Loi sur l’âge d’accès aux contenus pornographiques de 2022 impose des mécanismes de vérification similaires, démontrant une volonté internationale de renforcer le contrôle des contenus adultes sur internet.
Le bug qui a tout déclenché
L’enquête d’Ofcom a été initiée suite à un incident technique signalé par OnlyFans. La plateforme, qui utilise le service d’authentification gouvernemental Yoti, avait configuré par erreur l’âge minimum d’accès à 23 ans au lieu de 18 ans – une anomalie certes supérieure à la limite légale mais néanmoins problématique. Bien qu’OnlyFans ait rapidement corrigé ce bug et clamé sa coopération avec les autorités, le doute était semé.
Deux volets clos, un maintenu : Ofcom persiste et signe
Ofcom a finalement jugé que les mesures techniques déployées par OnlyFans pour barrer la route aux mineurs étaient conformes aux exigences légales. Les investigations concernant l’efficacité des outils de vérification d’âge et la transparence des processus internes sont donc closes. Pourtant, l’affaire est loin d’être terminée. Un troisième volet, crucial, reste ouvert : celui de la transparence des informations fournies par OnlyFans aux régulateurs.
En 2022 et 2023, Ofcom avait sollicité des informations auprès d’OnlyFans pour élaborer un rapport sur la protection des mineurs par les VSP. Les réponses fournies par la plateforme auraient été incomplètes, omettant des détails essentiels sur la configuration de son logiciel de vérification d’âge. Cette opacité a soulevé des inquiétudes, laissant entendre qu’OnlyFans, malgré des outils techniques fonctionnels, pourrait manquer de transparence sur leurs applications concrètes. Un manque de coopération qui interroge sur la réelle volonté de la plateforme de se conformer aux réglementations.
Un test grandeur nature pour la régulation du web
L’enquête d’Ofcom sur OnlyFans se révèle être un cas d’école pour évaluer l’efficacité des nouvelles lois britanniques sur la sécurité en ligne, notamment l’Online Safety Act. Ce texte renforce les obligations des plateformes en matière de protection des mineurs, mais son application effective dépend largement de la coopération des entreprises concernées.
Daniel Thomas, du Financial Times, souligne que cette affaire met en lumière les défis de la régulation dans un environnement numérique en constante évolution. La coopération des plateformes est essentielle pour garantir la sécurité des utilisateurs, et l’absence de transparence peut saper les efforts des régulateurs, même face à des outils techniques performants.
L’épineuse question de la vérification d’âge
La vérification de l’âge en ligne est un véritable casse-tête pour les plateformes, confrontées à des défis techniques et éthiques complexes. Comment garantir l’efficacité des systèmes face aux tentatives de contournement, tout en respectant la vie privée des utilisateurs ? Des plateformes comme TikTok et Twitch, également confrontées à ces questions, observent attentivement l’évolution de cette affaire OnlyFans.
Ofcom, conscient de ces enjeux, a récemment lancé un programme d’application des normes d’assurance d’âge dans le secteur adulte. L’objectif est d’évaluer la conformité des VSP et de renforcer les contrôles. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de pression réglementaire croissante, tant au Royaume-Uni qu’à l’international.
Transparence : le mot d’ordre pour l’avenir du web
L’affaire OnlyFans rappelle que la confiance en ligne repose sur la transparence. Les plateformes ne peuvent se contenter de développer des outils techniques performants. Elles doivent également démontrer leur engagement à protéger les utilisateurs et coopérer pleinement avec les régulateurs. L’avenir de l’internet dépendra de la capacité des plateformes et des autorités à trouver un équilibre entre innovation et sécurité, où la transparence sera la clé de voûte. L’enquête en cours sur OnlyFans servira sans doute de précédent pour les années à venir.
