Sam Altman, CEO d’OpenAI, a opposé un refus catégorique à une offre d’acquisition mirobolante de la part d’Elon Musk et d’un consortium d’investisseurs. Le montant avancé, 97,4 milliards de dollars, n’a pas suffi à convaincre Altman de céder le fleuron de l’IA. Ce refus net, rendu public sur X (ex-Twitter) ce 11 février 2025, met en lumière une rivalité exacerbée entre les deux co-fondateurs d’OpenAI et leurs visions divergentes pour l’avenir de l’intelligence artificielle.
Un duel de titans aux enjeux colossaux
L’offre de rachat orchestrée par Elon Musk, qui avait claqué la porte d’OpenAI en 2018 suite à des désaccords stratégiques, marque une tentative de reconquête fracassante. Accompagné de partenaires financiers de poids, comme Valor Equity Partners et Vy Capital, Musk visait non seulement à s’emparer des actifs de l’organisation à but non lucratif chapeautant OpenAI, mais aussi à infléchir sa mutation vers un modèle commercial.
La réponse cinglante d’Altman sur X, Non merci, mais nous reprendrons Twitter pour 9,74 milliards si vous le souhaitez
, a jeté de l’huile sur le feu. La riposte de Musk, qualifiant Altman de fraudeur
, témoigne d’une animosité profonde et durable entre les deux hommes. Ce clash public soulève des interrogations cruciales quant à la gouvernance et à la direction stratégique de l’un des acteurs majeurs de l’IA.
L’indépendance d’OpenAI : un principe intangible ?
Au-delà de l’affrontement personnel, le refus d’Altman repose sur une conviction profonde : préserver l’indépendance d’OpenAI et de sa mission. « OpenAI n’est pas à vendre, et sa mission ne l’est pas non plus », a-t-il martelé. L’objectif affiché est de développer une Intelligence Artificielle Générale (AGI) au service de l’humanité, et non au profit d’intérêts privés ou de régimes autoritaires.
Dans un récent billet de blog, Altman a exposé les promesses et les périls de l’AGI. D’un côté, l’accélération des découvertes scientifiques, l’optimisation des processus industriels et une baisse significative des coûts de production. De l’autre, le spectre d’une surveillance massive et l’érosion des libertés individuelles si cette technologie venait à tomber entre de mauvaises mains.
Une course à l’AGI aux allures de Far West
Ce bras de fer intervient dans un contexte de compétition acharnée sur le marché de l’IA. OpenAI, propulsé au sommet grâce à ChatGPT, est actuellement en discussion avec SoftBank pour un nouveau tour de table de 40 milliards de dollars, ce qui porterait sa valorisation à 300 milliards. De son côté, Elon Musk, via sa société xAI, affiche des ambitions concurrentes, tout en critiquant ouvertement le modèle économique d’OpenAI.
« Si vous ne parvenez pas à nous battre sur le marché, il ne sert à rien d’essayer de nous acheter », a lancé Altman à Musk, soulignant l’absurdité de la tentative de rachat. Cette déclaration reflète la confiance d’OpenAI dans sa position dominante et sa capacité d’innovation.
La régulation de l’IA : un enjeu crucial
L’épisode Musk-Altman met également en exergue la question brûlante de la régulation de l’IA. Lors du récent sommet sur l’IA à Paris, auquel Altman a participé, les inquiétudes des dirigeants mondiaux se sont cristallisées autour du contrôle de cette technologie disruptive. Altman a certes promis d’améliorer la sécurité des systèmes d’IA, mais il a également insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre innovation et régulation.
Steven Adler, ancien responsable de la sécurité chez OpenAI, a exprimé ses craintes quant à la course effrénée à l’AGI. Il a pointé du doigt le « risque d’équilibre » inhérent à la compétition entre les laboratoires d’IA, qui pourrait, selon lui, déboucher sur des dérives catastrophiques. Ses propos font écho aux appels à la prudence de nombreux experts et alimentent le débat sur la nécessité d’un cadre éthique et réglementaire robuste.
L’avenir d’OpenAI : entre innovation et responsabilité
L’indépendance revendiquée par Altman face à l’offensive de Musk dessine les contours d’une bataille plus large pour le contrôle de l’IA. L’enjeu dépasse la simple rivalité entre deux personnalités emblématiques de la Silicon Valley. Il s’agit de définir le rôle et la place de l’AGI dans nos sociétés, et de garantir que son développement profite à l’ensemble de l’humanité.
La question n’est plus de savoir si OpenAI sera racheté, mais plutôt comment son indépendance, si elle est préservée, permettra de concilier innovation et bien commun face aux pressions économiques et politiques. Avec une AGI potentiellement à portée de main dans la prochaine décennie, les choix effectués aujourd’hui auront des conséquences considérables pour le futur de l’humanité.