OpenAI contre DeepSeek : la guerre de l’IA s’intensifie sur fond d’accusations d’espionnage industriel
L’année 2025 démarre sur les chapeaux de roues dans le monde bouillonnant de l’intelligence artificielle. OpenAI, le géant américain du secteur, accuse la startup chinoise DeepSeek d’avoir « distillé » ses modèles propriétaires pour entraîner son propre concurrent open-source, DeepSeek-R1. Loin d’être un simple litige technique, cette affaire s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu et révèle les enjeux cruciaux de la propriété intellectuelle dans la course à l’IA.
David Sacks, conseiller en IA de la Maison Blanche, affirme détenir des « preuves substantielles » de cette « distillation ». En termes simples, cette technique consiste à s’inspirer – certains diraient copier – le fonctionnement d’un modèle performant en analysant ses réponses à diverses requêtes. Imaginez un étudiant qui, au lieu d’apprendre le cours, analyserait uniquement les réponses d’un camarade brillant pour réussir l’examen. Le résultat est similaire, mais le processus d’apprentissage, et donc la propriété intellectuelle, sont contournés.
DeepSeek, fondée en 2023, a fait une entrée fracassante sur la scène de l’IA avec son modèle DeepSeek-R1. Certains benchmarks suggèrent des performances comparables au modèle « o1 » d’OpenAI, notamment en termes de rapidité et d’efficacité énergétique. La stratégie de DeepSeek repose sur la proposition de versions « distillées » de son modèle principal, plus légères et adaptées à des usages spécifiques. Cette approche vise à démocratiser l’accès à l’IA performante, mais soulève de sérieuses questions éthiques.
Au-delà des accusations de plagiat, l’affaire DeepSeek met en lumière les craintes américaines face à la montée en puissance de la Chine dans le secteur de l’IA. L’administration Biden, déjà engagée dans une politique de protectionnisme technologique, voit d’un mauvais œil l’émergence d’un concurrent sérieux à OpenAI. Le Conseil de sécurité nationale américain scrute attentivement les applications développées par DeepSeek, d’autant plus que certaines ont connu un succès viral ces derniers mois. La marine américaine a même interdit l’utilisation du logiciel sur ses installations, évoquant des « préoccupations potentielles en matière de sécurité et d’éthique ». On imagine aisément les scénarios catastrophes envisagés: un modèle d’IA entraîné avec des données biaisées pourrait prendre des décisions stratégiques erronées, voire dangereuses.
OpenAI, de son côté, multiplie les appels au gouvernement américain pour renforcer le soutien au développement de l’IA nationale. L’entreprise, qui a massivement investi dans la recherche et le développement, craint de voir ses efforts sapés par des pratiques qu’elle juge déloyales. L’enjeu est colossal : la domination du marché de l’IA, estimé à plusieurs milliards de dollars d’ici la fin de la décennie.
L’affaire DeepSeek/OpenAI est un symptôme des tensions grandissantes entre les deux superpuissances. Elle illustre la complexité du paysage actuel où innovation technologique, compétition économique et enjeux géopolitiques s’entremêlent. La question de la régulation internationale des technologies d’IA, et notamment de la protection de la propriété intellectuelle, devient plus urgente que jamais. Comment garantir une compétition saine et équitable dans un domaine aussi stratégique ? Comment éviter une escalade des tensions et une fragmentation du marché mondial de l’IA ? Ces questions restent, pour l’instant, sans réponse claire. L’avenir de l’intelligence artificielle, et peut-être celui du monde, en dépend.