OpenAI, le poids lourd de l’intelligence artificielle, n’a pas mâché ses mots. Dans un document de 15 pages remis à l’administration Trump, la firme appelle à une harmonisation des régulations concernant l’IA aux États-Unis. Face à la multiplication des projets de lois au niveau des États, OpenAI plaide pour une approche fédérale, craignant un éparpillement législatif préjudiciable à l’innovation américaine. Un véritable coup de pression dans le cadre de la consultation publique pour le « Plan d’Action en IA » lancé par la Maison Blanche.
Ce document, véritable plaidoyer pour une régulation unifiée, intervient dans un contexte particulier. L’administration Trump, par décret le 23 janvier 2025, a lancé un « Plan d’Action en IA » visant à asseoir la domination américaine dans ce secteur stratégique. Un virage à 180° par rapport à la politique Biden, jugée trop contraignante par l’actuel gouvernement. Jusqu’au 15 mars, la Maison Blanche recueille les contributions des acteurs du domaine (entreprises, chercheurs, collectivités locales) via un « Appel à Commentaires » (RFI). Et OpenAI n’a pas manqué l’occasion de faire entendre sa voix, mettant en garde contre les dangers d’une cacophonie législative entre les différents États.
L’entreprise dénonce une fragmentation du marché américain, freinant le développement d’une IA sûre et performante. Des centaines de propositions de lois locales, actuellement en discussion, risquent de créer un véritable casse-tête pour les acteurs de l’IA, complexifiant la gouvernance, la gestion des infrastructures et la mise en place de normes de sécurité communes.
Les trois piliers de la proposition d’OpenAI:
- L’harmonisation nationale : stop à la fragmentation ! La priorité absolue pour OpenAI est d’établir une préemption fédérale. En clair, il s’agit de donner la priorité à la loi fédérale sur les lois étatiques afin d’éviter des contradictions et des interprétations divergentes. Un point crucial soulevé également par d’autres contributeurs de la RFI, qui redoutent des conflits juridiques entre les niveaux fédéral et local.
- Des infrastructures musclées pour une IA de pointe : OpenAI insiste sur l’importance de doter les États-Unis d’infrastructures robustes, notamment des data centers ultra-performants. Ces derniers sont indispensables au développement des modèles d’IA de nouvelle génération, toujours plus gourmands en ressources. Kevin Weil, Directeur Produit chez OpenAI, a d’ailleurs salué le soutien de l’administration Trump au projet « Stargate », un investissement colossal de 500 milliards de dollars destiné à booster les infrastructures de calcul du pays. L’accélération des procédures d’autorisation pour la construction de ces nouvelles installations est perçue comme un signal positif.
- L’équilibre entre innovation et sécurité : un impératif. Si OpenAI défend une régulation minimaliste, elle ne nie pas la nécessité de mettre en place des garde-fous. L’entreprise propose une collaboration étroite entre le secteur public et le secteur privé pour définir des standards techniques communs. L’objectif : minimiser les risques liés aux biais algorithmiques ou à d’éventuelles menaces pour la sécurité nationale.
Un enjeu géopolitique majeur :
La sortie d’OpenAI s’inscrit dans un contexte de compétition internationale accrue, notamment avec la Chine. Les récentes performances du modèle chinois « DeepSeek » ont ravivé les inquiétudes quant à la capacité des États-Unis à conserver leur leadership en matière d’IA. D’autres acteurs clés, comme Anthropic, ont d’ailleurs recommandé à la Maison Blanche de renforcer les contrôles à l’exportation et les tests de sécurité nationale pour les technologies d’IA.
Des avis divergents :
Le positionnement d’OpenAI a été salué par certains acteurs de la Silicon Valley, qui y voient une approche pragmatique. D’autres, en revanche, s’inquiètent d’une prise de pouvoir excessive des géants du numérique au détriment des consommateurs et des petites entreprises. Accuseront-ils OpenAI de faire du lobbying pour s’assurer une position dominante sur le marché ?
La réponse de la Maison Blanche, attendue pour juillet 2025, sera déterminante pour l’avenir de l’IA aux États-Unis. Elle dessinera les contours d’un secteur en pleine expansion, à la croisée de l’innovation, de la sécurité et de la géopolitique. L’administration Trump tranchera-t-elle en faveur d’une régulation fédérale, au risque de froisser certains États ? L’avenir nous le dira.