L’avenir de TikTok aux États-Unis ressemble à un feuilleton à suspense, et le dernier épisode se joue avec Oracle en tête d’affiche. Alors que l’épée de Damoclès d’une interdiction totale plane toujours au-dessus de l’application chinoise, un accord avec le géant américain du logiciel semble se profiler. Pourtant, malgré l’avancée des négociations, nombreux sont ceux qui s’interrogent : est-ce une solution miracle ou un pansement sur une jambe de bois ?
Un accord sous haute tension politique
Il faut se rappeler le contexte : la loi « divest-or-ban » de 2023 impose à ByteDance de vendre ses actifs américains ou de subir une interdiction. Après un bref blocage de l’application en janvier 2025, un sursis de 75 jours a été accordé, laissant une ultime chance à la négociation. L’administration Trump, avec le vice-président JD Vance et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz en première ligne, mène les discussions d’une main de fer.
L’objectif affiché est de répondre aux préoccupations de sécurité nationale liées à la potentielle exploitation des données américaines par le gouvernement chinois. Mais certains, notamment au sein du Parti républicain et de la commission sur les risques sécuritaires émergents liés à la Chine, restent sceptiques. Ils craignent que Pékin, malgré les assurances, conserve une influence indirecte, notamment via l’algorithme. Une réunion avec Oracle est d’ailleurs prévue pour tenter de dissiper ces doutes.
Du côté chinois, la position est ambiguë. Si le discours officiel met en avant la liberté des entreprises, la méfiance envers toute ingérence étrangère est palpable. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, l’a rappelé : la Chine s’oppose fermement à toute atteinte à ses intérêts nationaux.
Oracle : un allié stratégique, mais des questions persistantes
L’implication de Larry Ellison, fondateur d’Oracle et proche de Donald Trump, ajoute une dimension politique à ce dossier. Son rôle central dans le « Project Stargate », un projet d’infrastructure d’intelligence artificielle pharaonique, laisse entrevoir de possibles synergies avec les ambitions technologiques du gouvernement américain.
Pourtant, l’hébergement des données par Oracle suffit-il à garantir la sécurité ? Pas si sûr, selon plusieurs experts.
Si l’accord Oracle se concrétise, on se contente de faire confiance à Oracle pour garantir qu’aucun accès arrière ne permet à Pékin de récupérer les données.
— Expert interrogé par Politico
Même si les données sont stockées aux États-Unis, le moteur de recommandation de TikTok, conçu pour maximiser l’engagement des utilisateurs, pourrait continuer à agir sous les directives des développeurs chinois.
— Analyste cité par TNJ
Un accord bancal et un avenir incertain
L’échéance du 5 avril approche à grands pas. JD Vance a promis un cadre d’accord avant cette date, mais sans préciser les détails financiers. L’accord avec Oracle, s’il se concrétise, ressemble davantage à un compromis temporaire qu’à une solution pérenne. Il s’agit de trouver un équilibre fragile entre les impératifs de sécurité nationale, les intérêts économiques et les réalités géopolitiques.
Le scénario d’un bannissement total de TikTok, même si Trump a exprimé un certain « attachement » à l’application, reste envisageable. Un échec des négociations pourrait relancer ce processus, avec des conséquences potentiellement importantes pour l’industrie technologique et les relations transatlantiques.
Tableau récapitulatif des points clés
L’accord Oracle-TikTok est un pari risqué. Il met en lumière la complexité des relations sino-américaines et les défis posés par la sécurité des données à l’ère du numérique. L’avenir dira si ce compromis fragile permettra d’apaiser les tensions ou s’il ne s’agit que d’une étape vers une confrontation plus importante.