L’avenir de TikTok aux États-Unis reste plus incertain que jamais. Alors que l’échéance du 19 janvier imposée par le PAFACAA pour une cession des activités américaines de l’application se rapproche dangereusement, Elon Musk a publiquement démenti toute intention de rachat. Une déclaration qui met fin aux rumeurs et oblige à reconsidérer le paysage complexe des négociations.
Lors d’une conférence en Allemagne le mois dernier, le magnat de la tech a coupé court aux spéculations : Je n’ai pas fait d’offre pour TikTok et je ne suis pas particulièrement intéressé par son acquisition.
Des propos sans équivoque qui contredisent les bruits de couloir apparus début 2025, suggérant un possible rachat par Musk pour éviter un bannissement de l’application aux USA.
Retour sur les spéculations
L’hypothèse d’un rachat par Elon Musk avait émergé suite à des articles de presse évoquant la volonté du gouvernement chinois d’envisager une vente des actifs américains de TikTok pour contourner une interdiction fédérale. Fort de son récent rachat de Twitter, rebaptisé X, Musk apparaissait comme un candidat potentiel, capable de relever le défi réglementaire et de gérer une telle acquisition. L’intéressé a cependant balayé ces rumeurs, affirmant se concentrer sur le développement de X et ses projets d’intelligence artificielle. Une stratégie qui laisse entendre qu’il n’est pas prêt à investir dans le secteur des plateformes vidéo courtes.
Un contexte politique et juridique tendu
Rappelons que TikTok est sous le feu des projecteurs américains depuis plusieurs mois. Les autorités américaines s’inquiètent des risques d’espionnage et de partage de données avec le gouvernement chinois via ByteDance, la maison mère de TikTok. La loi PAFACAA (Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act) impose à ByteDance de céder ses activités américaines avant le 19 janvier 2025 sous peine d’un bannissement total.
La situation est d’autant plus complexe que l’ancien président Donald Trump, à l’origine de la menace d’interdiction, a évoqué lors de sa campagne de 2024 la possibilité d’un revirement de situation. Une incertitude qui pèse lourdement sur l’avenir de l’application. D’autres repreneurs potentiels, comme un consortium mené par l’ancien propriétaire des Los Angeles Dodgers, Frank McCourt, auraient manifesté leur intérêt, sans que les discussions n’aboutissent.
L’absence de Musk : quelles conséquences ?
Le désistement d’Elon Musk laisse un vide dans les négociations. Il était perçu comme un acteur capable de rassurer à la fois les régulateurs américains et les autorités chinoises. Son retrait relance les spéculations quant aux futurs repreneurs : des géants américains comme Meta ou des fonds d’investissement pourraient entrer en lice.
Réactions du marché et dynamique concurrentielle
L’annonce du désintérêt de Musk a suscité des réactions mitigées. Certains estiment qu’un rachat aurait permis d’intégrer les 150 millions d’utilisateurs américains de TikTok à l’écosystème de X, créant ainsi un concurrent sérieux à Instagram Reels (Meta). D’autres craignent qu’une telle concentration de pouvoir entre les mains d’Elon Musk n’étouffe la concurrence et n’attire l’attention des autorités de la concurrence, déjà préoccupées par l’influence grandissante de son empire technologique.
Pour ByteDance, l’absence de Musk signifie qu’il faut trouver une solution pour apaiser les craintes américaines sans céder le contrôle de TikTok. Un plan de restructuration à 10 milliards de dollars a été proposé, prévoyant la création d’une entité américaine indépendante chargée de la sécurité des données. Une proposition jugée insuffisante par certains experts, car ByteDance conserverait le contrôle majoritaire.
Les scénarios possibles pour TikTok
- Intervention de la Cour Suprême : Un examen du PAFACAA par la Cour Suprême pourrait retarder ou invalider l’interdiction, offrant un sursis à ByteDance.
- Action du Congrès : Des projets de loi bipartisans visant à renforcer le contrôle des entreprises technologiques étrangères pourraient voir le jour, modifiant le cadre réglementaire.
- Alternatives stratégiques : ByteDance pourrait envisager des partenariats avec des fournisseurs de cloud américains pour délocaliser le stockage des données et réduire sa dépendance vis-à-vis des infrastructures chinoises. Des collaborations avec Oracle ou Amazon Web Services sont envisageables.
- Nouveaux acteurs : L’arrivée d’un acteur inattendu dans les négociations, qu’il s’agisse d’un autre géant de la tech ou d’un consortium d’investisseurs, pourrait redistribuer les cartes.
L’avenir de TikTok aux États-Unis est donc suspendu à un fil. Si l’option Musk est écartée, les prochains jours seront cruciaux pour déterminer le sort de l’application. La pression politique et réglementaire reste intense, et ByteDance devra faire preuve d’ingéniosité pour trouver une solution pérenne et préserver sa présence sur le marché américain.
