Donald Trump hausse le ton contre Pékin tout en se montrant plus conciliant envers d’autres partenaires commerciaux. Une stratégie qui marque un tournant dans sa politique protectionniste.
L’ancien et désormais nouveau président américain Donald Trump a frappé fort ce lundi en menaçant d’imposer des droits de douane supplémentaires de 50% sur les produits chinois. Cette annonce, faite via son réseau social Truth Social, marque une escalade significative dans les tensions commerciales entre Washington et Pékin, déjà exacerbées lors de son premier mandat.
Une menace ciblée contre la Chine
Dans son message publié sur Truth Social, Trump a explicitement visé la Chine, confirmant ainsi sa volonté de poursuivre et même d’intensifier sa politique commerciale agressive envers ce pays qu’il considère comme le principal rival économique des États-Unis.
« Nous allons imposer un droit de douane supplémentaire de 50% sur TOUS les produits en provenance de Chine. Ils ont profité de nous pendant trop longtemps. L’Amérique d’abord ! »
Cette nouvelle menace s’inscrit dans la continuité des mesures protectionnistes prises durant son premier mandat, mais avec une intensité renforcée. Pour rappel, l’administration Trump avait déjà imposé des droits de douane sur environ 360 milliards de dollars de produits chinois entre 2018 et 2020, déclenchant ce que beaucoup d’observateurs avaient qualifié de « guerre commerciale ».
Un changement de ton inattendu pour les autres partenaires
La véritable surprise réside ailleurs. Alors que l’administration Trump avait jusqu’à présent martelé que les droits de douane seraient imposés sans exception et sans possibilité de négociation, le président semble maintenant adopter une position plus nuancée concernant les autres partenaires commerciaux des États-Unis.
En effet, Trump a indiqué qu’il était ouvert à des discussions avec d’autres nations pour trouver des moyens de réduire leurs tarifs douaniers. Ce revirement représente un changement significatif dans la rhétorique de l’administration, qui avait jusque-là fermé la porte à toute forme de compromis.
« Nous sommes prêts à discuter avec nos alliés et partenaires qui souhaitent établir des relations commerciales équitables. Les pays qui jouent franc-jeu avec l’Amérique trouveront en nous un partenaire raisonnable », aurait déclaré un conseiller proche du président, selon des sources proches de la Maison Blanche.
Des implications économiques majeures
Si ces menaces se concrétisaient, les conséquences économiques seraient considérables. Des droits de douane supplémentaires de 50% sur les importations chinoises risqueraient de :
- Augmenter significativement les prix pour les consommateurs américains sur une large gamme de produits, de l’électronique aux vêtements
- Perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales déjà fragilisées par les crises récentes
- Provoquer des mesures de rétorsion de la part de Pékin, qui pourrait cibler les exportations américaines, notamment agricoles
- Accentuer les pressions inflationnistes dans une économie américaine déjà sous tension
Selon des analystes économiques, cette politique pourrait coûter aux ménages américains entre 500 et 1000 dollars supplémentaires par an en moyenne, en fonction de leurs habitudes de consommation.
Une stratégie de négociation?
Pour de nombreux experts en relations internationales, cette double approche – intransigeance envers la Chine mais ouverture au dialogue avec d’autres partenaires – pourrait relever d’une stratégie de négociation caractéristique de Trump.
« Trump utilise le levier des tarifs douaniers comme un moyen de pression pour obtenir des concessions commerciales. Il applique sa méthode éprouvée du ‘deal maker’ : menacer fortement pour amener l’adversaire à la table des négociations en position de faiblesse », explique Jean-Claude Masson, spécialiste des relations sino-américaines à Sciences Po Paris.
Cette tactique avait déjà été utilisée lors de son premier mandat, aboutissant à l’accord commercial « phase 1 » avec la Chine en janvier 2020. Cet accord, qui prévoyait notamment l’achat par la Chine de 200 milliards de dollars supplémentaires de produits américains, n’a cependant jamais été pleinement mis en œuvre.
Des réactions contrastées
Les réactions à cette annonce ne se sont pas fait attendre. Côté américain, les opinions sont divisées :
- Wall Street a réagi négativement, avec une baisse des principaux indices boursiers, reflétant les inquiétudes quant à l’impact économique de telles mesures
- Les secteurs manufacturiers américains directement en concurrence avec les produits chinois ont salué cette initiative
- Les détaillants et importateurs ont exprimé de vives inquiétudes concernant les répercussions sur leurs activités et sur les prix à la consommation
Du côté chinois, aucune réaction officielle n’a encore été communiquée, mais les médias d’État ont déjà commencé à critiquer ce qu’ils qualifient de « politique commerciale irrationnelle et contre-productive ».
Ce qui se profile
Cette nouvelle posture de l’administration Trump soulève plusieurs questions :
- Quels pays pourraient bénéficier de cette ouverture au dialogue ?
- Quelles concessions seront demandées en échange d’une réduction des droits de douane ?
- Comment la Chine réagira-t-elle face à cette menace spécifique ?
Ces questions restent pour l’instant sans réponse claire, mais des sources proches de l’administration indiquent que des discussions sont déjà en cours avec plusieurs partenaires commerciaux, notamment européens et asiatiques.
Pour l’instant, les marchés financiers et les acteurs économiques restent dans l’expectative, attendant de voir si ces menaces se concrétiseront ou si elles constituent principalement un outil de négociation dans la nouvelle stratégie commerciale de Trump.
L’administration devrait dévoiler plus de détails sur sa politique commerciale dans les prochains jours, notamment lors d’une conférence de presse prévue au département du Commerce.