Voitures autonomes : les États-Unis créent enfin un cadre national, mais exigent plus de transparence
L’administration américaine de la sécurité routière (NHTSA) vient d’annoncer un nouveau cadre national volontaire pour l’évaluation et la supervision des véhicules autonomes. Une avancée majeure qui pourrait bien débloquer le marché des voitures 100% autonomes aux États-Unis, mais qui s’accompagne d’une contrepartie : les constructeurs devront partager davantage de données.
Un programme baptisé AV STEP pour encadrer l’autonomie
Ce nouveau programme, nommé AV STEP (ADS-Equipped Vehicle Safety, Transparency and Evaluation Program), vise à faciliter la commercialisation des véhicules sans commandes traditionnelles – exit le volant et les pédales. Jusqu’ici, les constructeurs étaient limités par un quota annuel d’exemptions aux normes de sécurité.
« AV STEP arrive à un moment crucial dans le développement de la technologie de conduite autonome. Un développement sûr, transparent et responsable est essentiel pour que cette technologie gagne la confiance du public », souligne Adam Raviv, conseiller juridique en chef de la NHTSA.
Une régulation fédérale qui se fait attendre depuis des années
Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral était resté en retrait, laissant les États définir leurs propres règles. Une situation kafkaïenne qui durait depuis plus de 7 ans, le Congrès n’ayant jamais réussi à s’accorder sur des points cruciaux comme la sécurité ou la responsabilité en cas d’accident.
Les constructeurs devaient notamment composer avec les Federal Motor Vehicle Safety Standards, une check-list officielle imposant des éléments comme le volant ou les rétroviseurs – peu pertinents pour des véhicules autonomes. Les exemptions étaient limitées à 2 500 par constructeur, et seule la société Nuro avait obtenu le précieux sésame pour ses robots de livraison.
Un avenir incertain avec le retour possible de Trump
L’initiative pourrait toutefois être remise en cause en cas de victoire de Donald Trump en 2024. L’ancien président envisagerait déjà de supprimer une règle de transparence imposée sous Biden, obligeant les constructeurs à signaler les accidents impliquant leurs véhicules autonomes ou semi-autonomes. Une décision qui profiterait notamment à Tesla, qui détient le record peu enviable du nombre d’accidents déclarés.
Les défenseurs de la sécurité routière inquiets
Les associations de sécurité routière jugent cette proposition prématurée, notamment dans un contexte où l’industrie automobile rechigne déjà à respecter l’obligation d’équiper les nouveaux véhicules de freinage d’urgence automatique d’ici 2029.
« Alors que l’industrie affirme ne pas pouvoir se conformer aux règles de freinage d’urgence avec des technologies éprouvées d’ici 5 ans, autoriser des technologies bien plus complexes sans normes minimales de sécurité est au mieux incohérent, au pire potentiellement mortel », alerte Cathy Chase, présidente d’Advocates for Highway and Auto Safety.
Cette initiative marque néanmoins un tournant historique dans la régulation des véhicules autonomes aux États-Unis, même si son application effective reste suspendue aux aléas politiques et aux capacités de l’industrie à répondre aux exigences de transparence.