WhatsApp : l’appli de messagerie devenue ligne de vie dans les zones de conflit
Qui aurait cru qu’une simple application de messagerie deviendrait l’outil indispensable pour sauver des vies dans les zones de guerre ? C’est pourtant ce qui arrive avec WhatsApp, devenue la bouée de sauvetage des populations en détresse.
L’histoire commence en Syrie, où les Casques Blancs, ces héroïques secouristes volontaires, utilisent WhatsApp comme système d’urgence. Lors du terrible séisme de février 2023 qui a secoué la région, c’est via l’application que les appels à l’aide ont afflué. « La population entière – chaque famille du nord-ouest utilise WhatsApp », témoigne Fidaa Maksour, un dispatcher des Casques Blancs.
De la radio à la messagerie instantanée
Fini le temps où la radio était le seul moyen de communication en zone de conflit. Dans les années 2000, Skype a commencé à changer la donne, suivi par WhatsApp en 2009. L’application s’est imposée grâce à sa compression intelligente qui permet de fonctionner même avec une connexion internet capricieuse.
À Gaza, depuis octobre 2023, WhatsApp est devenu vital. L’UNRWA (l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens) en dépend totalement pour communiquer avec son personnel sur place. « Je ne plaisante pas en disant que WhatsApp peut sauver des vies », affirme Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA.
Un outil aux multiples facettes
WhatsApp sert aussi de ligne de vie pour les réfugiés. C’est le cas d’Ahmad, un ancien interprète afghan qui a fui les Talibans. L’application lui permet de rester en contact avec sa famille tout en préservant sa sécurité grâce au chiffrement de bout en bout.
Mais l’application n’est pas sans défauts. Des préoccupations en matière de sécurité persistent, notamment concernant la collecte de données par Meta et les potentielles failles de sécurité. Signal est souvent recommandé comme alternative plus sécurisée, mais son adoption reste limitée.
Plus inquiétant encore, WhatsApp peut aussi être utilisé à des fins malveillantes. Au Soudan, les forces paramilitaires s’en servent pour créer la panique en annonçant des attaques imminentes. En Somalie, certains groupes l’utilisent pour organiser des vengeances.
Malgré ces zones d’ombre, WhatsApp reste incontournable dans les zones de conflit. Comme le souligne Maksour : « Les civils n’ont que WhatsApp pour communiquer avec nous et signaler les urgences à la salle des opérations. »
L’application continue d’évoluer pour répondre aux besoins humanitaires, avec l’ajout de fonctionnalités comme les messages éphémères et le verrouillage des conversations. Une preuve que la technologie, même simple en apparence, peut jouer un rôle crucial dans les situations les plus critiques.