WhatsApp remporte une victoire historique contre NSO Group dans l’affaire du logiciel espion Pegasus

Une décision judiciaire majeure vient d’être rendue dans l’affaire qui oppose WhatsApp à NSO Group. La juge fédérale Phyllis Hamilton a tranché en faveur de la filiale de Meta, confirmant que l’entreprise israélienne a bien piraté les systèmes de la messagerie instantanée pour infecter plus d’un millier de téléphones avec son tristement célèbre logiciel espion Pegasus.

Cette bataille juridique, qui durait depuis cinq ans, trouve enfin son dénouement en Californie. Le tribunal a établi que NSO Group a violé la loi américaine sur la fraude et les abus informatiques (Computer Fraud and Abuse Act) en exploitant les serveurs de WhatsApp pour déployer son programme malveillant.

Le logiciel Pegasus, développé par NSO Group, est un outil de surveillance sophistiqué capable de s’infiltrer dans les smartphones sans que l’utilisateur ne s’en aperçoive. Une fois installé, il peut accéder aux messages, photos, contacts, et même activer à distance le micro et la caméra du téléphone infecté.

« Cette décision marque une étape importante dans la responsabilisation des fabricants de logiciels espions », a déclaré Craig Federighi, vice-président senior de l’ingénierie logicielle chez Apple, qui mène également des poursuites contre NSO Group.

L’affaire remonte à 2019, lorsque WhatsApp a découvert que NSO Group utilisait ses serveurs pour envoyer des messages malveillants à environ 1400 utilisateurs ciblés, parmi lesquels des journalistes, des militants des droits de l’homme, des diplomates et des responsables gouvernementaux dans plusieurs pays.

NSO Group a toujours affirmé que ses produits étaient destinés uniquement aux agences gouvernementales légitimes pour lutter contre le terrorisme et la criminalité. Cependant, de nombreuses organisations de défense des droits humains ont documenté l’utilisation de Pegasus pour espionner des opposants politiques et des journalistes dans plusieurs pays.

Cette décision judiciaire pourrait avoir des répercussions majeures sur l’industrie des logiciels espions. Elle établit un précédent important en confirmant que les entreprises développant des outils de surveillance peuvent être tenues responsables des dommages causés par leurs produits, même lorsqu’elles affirment n’être que des fournisseurs de technologie.

Le groupe israélien fait déjà face à de nombreuses difficultés. En 2021, le département du Commerce américain a placé NSO Group sur sa liste noire, interdisant aux entreprises américaines de faire affaire avec la société. Apple et Microsoft ont également engagé des poursuites similaires contre l’entreprise.

La victoire de WhatsApp pourrait ouvrir la voie à d’autres actions en justice et renforcer la position des entreprises technologiques et des défenseurs de la vie privée dans leur lutte contre les outils de surveillance invasifs.

NSO Group, qui fait face à des difficultés financières croissantes et à une réputation ternie, n’a pas encore indiqué si elle comptait faire appel de cette décision. L’entreprise est également confrontée à des restrictions commerciales internationales et à une dette importante, estimée à plusieurs centaines de millions de dollars.